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LYN LYR LYS 647

LYN

LYNCURIUM. s. m. Espece d'ambre qui par une proprieté particuliere attire les plumes, comme l'ambre jaune attire la paille. Matthiole fait voir qu'il y a grande difference entre le Lyncurium qui a la vertu de briser la pierre, & ce que les Lapidaires appellent Pierre de Lynx ou d' Once, qui n'a aucune proprieté pour faire uriner & rompre ou diminuer la pierre des reins & de la vessie, & que quelques-uns pretendent faire passer pour le vray Lyncurium, disant que c'est une pierre en laquelle se congele l'urine de l'Once aprés avoir uriné. Il refute Encelius, qui a dit que le Lyncurium jaune se faisoit de l'urine de l'Once masle, & le Lyncurium blanc de celle de l'Once femelle. Dioscoride dit que le Lyncurium, sorte d'ambre qui attire les plumes, & que pour cela les Grecs appellent πτέρυγοφορόν, estant beu avec de l'eau, est bon aux fluxions du ventre & de l'estomac.

LYNX. s. m. Animal qui, selon les Anciens, a la veuë tellement subtile, qu'il voit à travers les murailles. Elian luy donne une houpe sur le bout des oreilles, pareille à celle qu'a le loup cervier, que Scaliger dit estre le Lynx masle. Appian parle de deux Lynx, l'un grand qui chasse aux cerfs, & l'autre petit qui chasse aux lievres. La pluspart des Modernes estiment que cet animal est fabuleux. Cependant Jonston ne laisse pas d'en faire la description, & dit que le Lynx est une beste sauvage qui a la teste petite, les yeux fort étincelans, la veuë admirable, l'air gay, les oreilles courtes, la barbe comme celle d'un chat, les pieds fort velus, le fond du ventre blanc avec quelques taches noires, & les extremitez du poil de dessus le dos tirant sur le blanc, avec des mouchetures sur tout le corps. Il ne vit que de chair de bestes & de chats sauvages, se cachant quelquefois sur des arbres, d'où il se jette sur des cerfs & autres gros animaux à quatre pieds, dont il mange la cervelle & suce le sang. On tient que si-tost qu'il a pissé, son urine se congele, & qu'il s'en forme une maniere de pierre luisante que l'on a appellée Pierre de Lynx. Les Grecs luy ont donné le mesme nom de λύγξ.



LYR

LYRE. s. f. Instrument de musique qui se touche avec un archet, & qui n'est different de la viole que parce qu'il a son manche & ses touches beaucoup plus larges. Il est couvert de quinze cordes, dont les deux plus grosses sont hors du manche. Son chevalet est aussi plus long, plus bas & plus plat. On ne se sert guere de cet instrument en France, quoy qu'il soit fort propre pour accompagner la voix. Le son en est extrémement languissant, & semble exciter la devotion. La Lyre ancienne estoit presque circulaire, & avoit un petit nombre de cordes au milieu tenduës comme celles de la harpe, & que l'on pinsoit avec les doigts. Quelques - uns disent que la Lyre des Grecs a esté nostre guittarre, & d'autres que c'estoit un instrument fait d'une coquille de tortuë qu'Hercule vuida & perça, aprés quoy il la monta de cordes de boyau. Cette sorte de Lyre fut nommée χέλυζ, & en Latin, Testudo.

LYS

LYSIMACHIA. s. f. Herbe dont les tiges sont menuës, branchuës, hautes d'une coudée, & quelquefois plus. Elle produit ses feüilles noeud par noeud, & les a menuës & semblables à celles du saule. Le goust en est astringent, & sa fleur est rouge ou jaune. Elle croist aux lieux aquatiques & marécageux. Le jus de ses feüilles arreste les crachemens du sang, & clisterisé ou pris en breuvage, il sert aux dysenteries. Si on bouche ses narines de cette herbe, elle étanche le sang du nez. Elle étanche aussi le sang des playes, & comme son odeur est forte & puante, elle chasse les serpens & fait mourir les mouches. Pline dit qu'elle a pris son nom du Roy Lysimachus, qui fut le premier qui s'en servit, & que sa vertu est telle, qu'en la mettant sur le joug des boeufs, ou d'autres bestes attelées qui ne s'accordent pas à tirer, elle les rend paisibles. Ruellius prend la Corneole, dont les Teinturiers font leur verd, pour la Lysimachie ; Matthiole fait connoistre qu'il se trompe.


FIN DU TROISIEME TOME