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faite entierement comme celle des jardins, & dit que la graine de l'une & de l'autre prise en breuvage avec du vin, est bonne contre les piqueures des scorpions. Matthiole dit que si Dioscoride n'a fait aucune description des tiges & des feüilles de la Lychnis, c'est apparemment parce que c'estoit une herbe fort connuë en ce temps-là, non seulement à cause qu'on en faisoit des bouquets comme il le rapporte, mais encore parce qu'on avoit accoustumé de s'en servir dans des lampes au lieu de mesche. Il ajouste qu'il a veu en Goritie & auprés de Trente, une herbe qu'il tient pour la vraye Lychnis. Elle a ses fleurs rouges & semblables au Violier, sans aucune odeur, & ses feüilles cotonnées, longues & blanches. Sa tige est veluë, & haute de plus d'une coudée. Il ajouste qu'au Val d'Ananie, il a trouvé l'autre plante, qui est la Lychnis sauvage, tout à fait semblable à l'autre, sans aucune difference entre l'une & l'autre que celle des lieux où elles croissent. Il croit que les Anciens n'ayant point l'usage du coton, usoient de certaines herbes veluës comme celle-cy & le Boüillon, au lieu de meche dans leurs lampes, ce qui l'a fait appeller Lychnis, du mot λύχνοζ, Lampe. Pline dit qu'il y a une espece de Rose, appellée communément Rose de Grece, & par les Grecs λύχνιζ, qui ne croist qu'aux lieux humides, grande comme la fleur du Violier, sans nulle odeur, & n'ayant jamais plus de cinq feüilles.

LYCIUM. s. m. Arbre épineux dont les branches ont au moins la longueur de trois coudées. Il a quantité de feüilles semblables à celles du boüis. Son fruit est lissé, noir, amer, massif, & semblable au poivre. Il jette beaucoup de racines qui sont courbes & d'une matiere dure, & croist en abondance en Lycie d'où il a tiré son nom. Le jus du Lycium se tire en pilant ensemble les branches & les petites racines, qu'on met ensuite pendant plusieurs jours infuser dans l'eau ; aprés quoy on cuit le tout ensemble, puis on oste le bois, & on fait recuire la decoction jusqu'à ce qu'elle soit épaisse comme miel. L'écume qu'on en oste pendant qu'elle cuit, sert aux medicamens que l'on prepare pour le mal des yeux. On fait aussi le Lycium en épreignant son fruit, & faisant secher le jus au Soleil. Le meilleur est celuy qui brûle, & qui estant éteint donne apparence d'une écume rouge. Il doit estre roux au dehors, & noir au dedans quand on le rompt, n'avoir aucune mauvaise odeur, mais une astriction jointe à quelque amertume, & tirer à la couleur de saffran. Le Lycium des Indes est de cette sorte. Aussi est-il le plus estimé de tous. On tient qu'il se fait de l'Arbrisseau nommé Lonchitis. C'est en ces termes qu'en parle Dioscoride. Matthiole dit que le Lycium des Apothicaires est tout à fait different de celuy qu'on apporte de Lycie ; qu'il n'est ny roux dedans ny amer au goust, & ne brûle point quand on le presente au feu. Les uns disent que ce Lycium des boutiques est fait de grains de Troesne, les autres, de grains de Matrisylva, & d'autres de ceux de Virga sanguinea. Il y en a qui croyent qu'il est fait du jus de toutes ces sortes de grains qu'on laisse secher au Soleil. Galien parlant de l'Arbre appellé Lycium, ou Pixacanthon, dit qu'on en fait le Lycium, qui est un medicament liquide dont on se sert pour les meurtrisseures, pour les inflammations aiguës du fondement & de la bouche, & qu'on l'applique aux oreilles fangeuses, aux ulceres pourris & malaisez à guerir, aux écorcheures de l'entredeux des cuisses, & lors que la peau tombe des doigts. LYCOPSIS. s. f. Plante dont les feüilles sont sem-

blables à la laituë, mais plus longues, plus larges, plus aspres & plus épaisses. Sa tige est longue, droite & aspre, & jette plusieurs branches aspres de la longueur d'une coudée, qui produisent de petites fleurs rouges. Elle croist parmy les champs, & est appellee Anchusa par quelques-uns. Sa racine, qui est rouge & astringente, estant enduite avec de l'huile, est bonne à guerir les playes ; & avec de la farine d'orge, c'est un remede au feu S. Antoine. Si on s'en frotte avec de l'huile, elle provoque à suer. Galien met cette plante au nombre des Orchanettes. On l'appelle Lycopsis, de λύκοζ, Loup, & de όψιζ, Face, à cause que par l'aspreté de ses feüilles & de sa tige, elle semble avoir quelque rapport à la peau d'un loup.

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LYMPHATIQUE. adj. Terme d'Anatomie. On appelle Veines lymphatiques, Certains vaisseaux qui contiennent une espece de liqueur assez semblable à l'urine. C'est une humeur aqueuse qui s'engendre dans de petites glandes répanduës dans tout le corps, & que ces petits conduits font passer dans le coeur & dans les veines.

LYMPHE. s. f. Liqueur naturellement aqueuse, tenuë, spiritueuse & un peu acide, c'est-à-dire, empreinte d'une aigreur temperée. La matiere qui la compose n'est autre chose que le serum, empreigné du suc nourricier des parties spermatiques ou nerveuses, lequel se ramasse dans les glandes & est emporté de là dans le sang par les vaisseaux lymphatiques. Ce serum reçoit dans les veines conglobées une liqueur subtile, volatile & acide, ou acide salée que Sylvius croit que le sang arteriel y laisse. La Lymphe est portée à certaines cavitez du corps pour quelques usages particuliers, ou à la masse du sang vers la veine axillaire gauche pour un usage universel. On ne sçait pas encore bien certainement quel est cet usage de la Lymphe qui se mêle au sang dans la veine axillaire. Comme elle se jette proche du coeur dans le sang qui y revient de tout le corps, & qu'elle entre d'abord dans le ventricule droit, puis dans les poumons & le ventricule gauche, Ettmuller presume de là qu'elle sert à reparer la vigueur vitale du sang dans la poitrine. Selon Charleton, c'est pour delayer le sang, pour le rendre plus fluide, plus propre à fermenter, & plus difficile à se coaguler, à cause que celuy qui descend de la teste est dépoüillé d'esprits, & que celuy qui remonte des parties inferieures a perdu beaucoup de serum. La separation de la Lymphe, on son infusion des glandules dans les parties, est vitiée dans sa generation quand elle est trop copieuse, ou trop acide, ou trop salée ; ce qui engendre aussi-tost les caterres ; ou bien elle est vitiée dans son cours par les vaisseaux lymphatiques, soit que son état soit naturel, ou contre nature, & cette seconde depravation de la Lymphe engendre les hydropisies. La Lymphe qui suinte continuellement de la trachée artere pour l'humecter & la rendre capable de former la voix, a sa source dans les glandes qui sont proche de la fente du Larynx ; & si cette Lymphe est trop abondante ou trop épaisse, la voix devient aspre. Que si dans une affection caterreuse elle est trop acide, estant portée à la tunique interieure de la trachée artere, il est impossible qu'elle n'en soit irritée & ne fasse une toux opiniâtre. On fait venir le mot de Lymphe du Grec numphê, Nymphe, en changeant le n Grec en l Latine ; de sorte que comme les Nymphes representent les fontaines, ainsi l'eau qui coule est appellée Lymphe.