Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CLORIS.


C’est sans difficulté, m’y voyant exprimée.


PHILANDRE.


Quitte ce vain orgueil dont ta vue est charmée.
Tu n’y vois que mon cœur, qui n’a plus un seul trait
Que ceux qu’il a reçus de ton charmant portrait 89,
Et qui tout aussitôt que tu t’es fait paroître 90,
Afin de te mieux voir s’est mis à la fenêtre.


CLORIS.


Le trait n’est pas mauvais ; mais puisqu’il te plaît tant 91.
Regarde dans mes yeux, ils t’en montrent autant,
Et nos feux tous pareils ont mêmes étincelles 92.


PHILANDRE.


Ainsi, chère Cloris, nos ardeurs mutuelles,
Dedans cette union prenant un même cours,
Nous préparent un heur qui durera toujours.
Cependant, en faveur de ma longue souffrance 93


CLORIS.


Tais-toi, mon frère vient.


89. Var. Que ceux qu’il a reçus de ton divin portrait. (1633-60)

90. Var. Et qui tout aussitôt que tu te fais paroître,
Afin de te mieux voir se met à la fenêtre. (1648)

91. Var. Dois-je prendre ceci pour de l’argent comptant ?
Oui, Philandre, et mes yeux t’en vont montrer autant. (1633-57)

92. Var. Nos brasiers tous pareils ont mêmes étincelles. (1633-64)

93. Var. Cependant un baiser accordé par avance
Soulageroit beaucoup ma pénible souffrance.
clor. Prends-le sans demander, poltron, pour un baiser h
Crois-tu que ta Cloris te voulut refuser ?

SCÈNE V.

TIRSIS, PHILANDRE, CLORIS.

tirs. i Voilà traiter l’amour justement bouche à bouche ;
C’est par où vous alliez commencer l’escarmouche ?
Encore n’est-ce pas trop mal passé son temps.
[phil. Que t’en semble, Tirsis ?] (1633-57)

h. Le pourrai-je obtenir ? clor. Pour si peu qu’un baiser. (1644-57)

i. En marge, dans l’édition de 1633 : Il les surprend sur ce baiser.