Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR PIERRE CORNEILEE. xxiii

versée par une passagère amourette : tout se trouve ainsi con- cilié, M. Taschereau invoque, il est vrai, le propre témoi- gnage de Corneille, qui dit dans l'Excuse à Ariste ' :

Nul objet vainqueur

N'a possédé depuis ma veine ni mon cœur.

Mais si Corneille, qui écrivait ceci en 1687, se plaisait alors à oublier les galanteries et les caprices de sa vie de jeune homme, dans les Mélanges poétiques, publiés cinq ans aupa- ravant, en 1682, il tenait un tout autre langage :

J'ai fait autrefois de la bête ; J'avois des Philis à la tête'-;

et ailleurs :

Plus inconstant que la lune, Je ne veux jamais d'arrêt^.

Ce sont là, dira-t-on, des exagérations de poëte ; cela est possible ; mais il peut bien y avoir aussi dans l'Excuse à Ariste exagération de constance et de fidélité.

Quelle qu'ait été du reste l'occasion qui a donné naissance à Mélite, cette comédie eut un très-grand succès, malgré les critiques assez vives que lui attirèrent la simplicité du plan et le naturel du style. « Ceux du métier la blàmoient de peu d'effets ^, » ainsi que nous l'apprend l'auteur lui-même. Bientôt après, il composa dans un système très-différent, qui fut en ce temps un essai très-sérieux, la tragi-comédie de Clitandre (1632), qu'il aimait à présenter plus tard comme une espèce de bravade ". La preuve de l'importance qu'il y attacha est dans l'empressement qu'il mil à la publier avant Mélile. Clitandre est suivi de Mélanges poétiques, contenant des pièces galantes, des vers de ballet, et quelques traductions des épigrammes d'Owen*. Avant cette époque, Corneille n'avait encore eu d'im- primé qu'un quatrain en l'honneur de Scudéry ', avec qui il

��I. Voyez tome X, p. 77. — 2. Tome X, p. 26. 3. Tome X, p. 55. — 4- Tome I, p. 270. 5. Ibidem. — 6. Tome X, p. 2/4 et suivantes. 7. Tome X, p. 57.

�� �