Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/482

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que je ne voudrais pas tout à fait m’y remettre ;

Quoiqu’à dire le vrai je ne sais pas trop bien

En quoi je dédirais ce secret entretien,

Si ta pleine santé me donnait lieu de dire

Quelle borne à tes vœux je puis et dois prescrire.

Prends soin de te guérir, et les miens plus contents…

Mais je te le dirai quand il en sera temps.

Rosidor

Cet énigme enjoué n’a point d’incertitude

Qui soit propre à donner beaucoup d’inquiétude,

Et si j’ose entrevoir dans son obscurité,

Ma guérison importe à plus qu’à ma santé.

Mais dis tout, ou du moins souffre que je devine,

Et te dise à mon tour ce que je m’imagine.

Caliste

Tu dois, par complaisance au peu que j’ai d’appas,

Feindre d’entendre mal ce que je ne dis pas,

Et ne point m’envier un moment de délices

Que fait goûter l’amour en ces petits supplices.

Doute donc, sois en peine, et montre un cœur gêné

D’une amoureuse peur d’avoir mal deviné ;

Tremble sans craindre trop ; hésite, mais aspire ;

Attends de ma bonté qu’il me plaise tout dire,

Et sans en concevoir d’espoir trop affermi,

N’espère qu’à demi, quand je parle à demi.

Rosidor

Tu parles à demi, mais un secret langage

Qui va jusques au cœur m’en dit bien davantage,

Et tes yeux sont du tien de mauvais truchements,

Ou rien plus ne s’oppose à nos contentements.

Caliste

Je l’avais bien prévu, que ton impatience