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4o2 LA VEUVE.

Puisqu'inégal de biens et de condition,

Je ne pouvois prétendre à son affection. 60

ALCIDON.

Mais si tu ne les perds, je le tiens à miracle, Puisqu'ainsi ton amour rencontre un double obstacle', Et que ton froid silence et l'inégalité S'opposent tout ensemble à ta témérité.

PHILISTE.

Crois que de la façon dont j'ai su me conduire 6 5

Mon silence n'est pas en état de me nuire :

Mille petits devoirs ont tant parlé pour moi^,

Qu'il ne m'est plus permis de douter de sa foi.

Mes soupirs et les siens font un secret langage^

Par 011 son cœur au mien à tous moments s'engage* : 7»

Des coups d'œil languissants, des souris ajustés,

Des penchements de tête à demi concertés,

Et mille autres douceurs aux seuls amants connues

��1. Far. Vu que par là ton feu rencontre un double obstacle, Et qu ainsi ton silence et l'inégalité

S opposent à la fois à ta témérité.

PHiL. Crois que de la façon que j'ai su me conduire, (i 634-57)

2. Var. Mille petits devoirs ont trop parlé pour moi ;

Ses regards chaque jour m'assurent de sa foi. (i634-tJ7)

3. Var. Ses soupirs et les miens font un secret langage, (i 034-60)

4. Var. [Par où son cœur au mien à tous moments s'engage ;| Nos vœux, quoique muets, s'entendent aisément,

Et quand quelques baisers sont dus par compliment

AI.C. Je m'imagine alors qu'elle ne t'en dénie ? pniL. Mais ils tiennent bien peu de la cérémonie : Parmi la bienséance, il m'est aisé de voir Que l'amour me les donne autant que le devoir. En cette occasion, c'est un plaisir extrême, Lorsque de part et d'autre un couple qui s'entr'aime. Abuse dcxtrcment de cette liberté Que permettent les lois de la civilité, Et que le peu souvent que ce bonheur arrive, Piquant notre appétit, rend sa pointe plus vive : Notre flamme irritée en croît de jour en jour. AI.C. Tout cela cependant sans lui parler d'amour ?] (i634-57)

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