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L NOTICE BIOGRAPHIQUE

En 1662, Colbert fit dresser par Costar et Chapelain une double liste des savants et des écrivains qui paraissaient méri- ter des pensions du Roi. Corneille est naturellement sur l'une et sur l'autre. Les jugements qui se rapportent à lui et que nous reproduisons ailleui's ' lui sont très-favorables. Par malheur, on se montra beaucoup moins prodigue envers lui d'argent que d'éloges ; et tandis que le i'^' janvier i663 la pension de Méze- rai était fixée à quatre mille livres et celle de Chapelain et de plusieurs autres à trois, notre poëte n'en obtint que deux mille, dont il parut, du reste, fort satisfait, car il exprima son contentement avec beaucoup d'effusion dans un Remercîment en vers, où il rappelle les louanges qu'il a adressées au Roi dans ses ouvrages. Moins empressé, il est vrai, à l'égard de Colbert, il laissa passer plus d'un an avant de lui témoigner sa reconnaissance-.

A la fin de janvier i663, peu de temps après avoir reçu sa pension, Corneille fit représenter Sophonisbc, qui eut une vo- gue assez grande, mais de peu de durée, et qui donna lieu à divers écrits de Donneau de Visé et de d'Aublgnac, dont on trouvera l'analyse dans la Notice consacrée à cet ouvrage^. Nous y avons réuni plusieurs témoignages qui semblent établir d'une manière certaine que cette pièce a été, ainsi que beau- coup d'autres tragédies de Corneille, retouchée avant l'impres- sion. Un passage de d'Aublgnac, qui nous avait échappé, sem- ble encore confirmer ce fait : Toutes les choses qu'il a pu réformer dans sa Sophonisbe ont été rajustées, mais assez mal, comme on l'a remarqué à la nouvelle couleur qu'il a depuis peu donnée au mauvais mariage de cette reine, fait un peu trop à la hâte, l'ayant prétexté de quelques vieilles lois des Africains ; et maintenant il dit que je me suis trompé dans mes observations. Cela vraiment est bien fin, de corriger ses fautes et soutenir hardiment que l'on n'en a point fait, et d'avancer que je dormois ou que je revois ailleurs durant la représenta- tion ; ses amis, qui lors étoient auprès de mol, savent bien que j'étois assez attentif, et que je me plalgnols souvent de leur in-

1. Voyez tome X, p. 175.

2. Voyez ibidem, p. 176.

3. Tome VI, p. /^^g et suivantes.

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