Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/62

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Lysandre.

Depuis quand donnez-vous ces qualités aux miens ?

Célidée.

Depuis que mon esprit n’est plus dans vos liens.

Lysandre.

Est-ce donc par gageure, ou par galanterie ?

Célidée.

Ne vous flattez point tant que ce soit raillerie.
Ce que j’ai dans l’esprit je ne le puis celer,
Et ne suis pas d’humeur à rien dissimuler.

Lysandre.

Quoi ! que vous ai-je fait ? d’où provient ma disgrâce ?
Quel sujet avez-vous d’être pour moi de glace ?
Ai-je manqué de soins ? ai-je manqué de feux ?
Vous ai-je dérobé le moindre de mes vœux ?
Ai-je trop peu cherché l’heur de votre présence ?
Ai-je eu pour d’autres yeux la moindre complaisance ?

Célidée.

Tout cela n’est qu’autant de propos superflus.
Je voulus vous aimer, et je ne le veux plus ;
Mon feu fut sans raison, ma glace l’est de même ;
Si l’un eut quelque excès, je rendrai l’autre extrême.

Lysandre.

Par cette extrémité vous avancez ma mort.

Célidée.

Il m’importe fort peu quel sera votre sort.

Lysandre.

Quelle nouvelle amour, ou plutôt quel caprice