Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/61

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Tout ce que mon Lysandre a de perfections
Se vient offrir en foule à mes affections.
Je vois mieux ce qu’il vaut lorsque je l’abandonne,
Et déjà la grandeur de ma perte m’étonne.
Pour régler sur ce point mon esprit balancé,
J’attends ses mouvements sur mon dédain forcé ;
Ma feinte éprouvera si son amour est vraie.
Hélas ! ses yeux me font une nouvelle plaie.
Prépare-toi, mon cœur, et laisse à mes discours
Assez de liberté pour trahir mes amours.


Scène VIII

Lysandre, Célidée.


Célidée.

Quoi ? j’aurai donc de vous encore une visite !
Vraiment pour aujourd’hui je m’en estimais quitte.

Lysandre.

Une par jour suffit, si tu veux endurer
Qu’autant comme le jour je la fasse durer.

Célidée.

Pour douce que nous soit l’ardeur qui nous consume,
Tant d’importunité n’est point sans amertume.

Lysandre.

Au lieu de me donner ces appréhensions,
Apprends ce que j’ai fait sur tes commissions.

Célidée.

Je ne vous en chargeai qu’afin de me défaire
D’un entretien chargeant, et qui m’allait déplaire.