Page:Corneille - Polyeucte, édition Masson, 1887.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
POLYEUCTE.

POLYEUCTE.

Hâtez-vous donc de l’être. Oui, j’y cours, cher Néarque :
Je brûle d’en porter la glorieuse marque.
Mais Pauline s’afflige, et ne peut consentir,
Tant ce songe la trouble, à me laisser sortir.

NÉARQUE.

Votre retour pour elle en aura plus de charmes ;
Dans une heure au plus tard vous essuierez ses larmes ;
Et l’heur de vous revoir lui semblera plus doux,
Plus elle aura pleuré pour un si cher époux.
Allons, on nous attend.

POLYEUCTE.

Allons, on nous attend. Apaisez donc sa crainte,
Et calmez la douleur dont son âme est atteinte :
Elle revient.

NÉARQUE.

Elle revient. Fuyez.

POLYEUCTE.

Elle revient. Fuyez. Je ne puis.

NÉARQUE.

Elle revient. Fuyez. Je ne puis. Il le faut ;
Fuyez un ennemi qui sait votre défaut,
Qui le trouve aisément, qui blesse par la vue,
Et dont le coup mortel vous plaît quand il vous tue.


Scène II.

POLYEUCTE, NÉARQUE, PAULINE, STRATONICE.
POLYEUCTE.

Fuyons, puisqu’il le faut. Adieu, Pauline, adieu.
Dans une heure au plus tard je reviens en ce lieu.

PAULINE.

Quel sujet si pressant à sortir vous convie ?
Y va-t-il de l’honneur ? y va-t-il de la vie ?

POLYEUCTE.

Il y va de bien plus.

PAULINE.

Il y va de bien plus. Quel est donc ce secret ?