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150 RODOGUNE.

Kt, voyez qui de vous daignera m'a* <îepter. Adieu. Princes.

��SCENE V.

ANTIOGHUS, SÉLEUCUS.

ANTIOCHUS.

Hélas I c'est donc ainsi qu'on traite Les plus profonds respects d'une amour si parfaite I

SÉLEUCUS.

Elle nous fuit, mon frère, après celte rigueur.

ANTIOCHUS.

Elle fuit, mais en Parthe, en nous perçant le cœur. 4030

��KMT. « Observez qu'elle n'a pas dit un seul mot de la chose qui pourrait en quelque façon lui faire pardonner cette horreur insensée; elle devait leur dire au moins: Cléopâtre vous a demandé ma tête; ma sùrtité me force A vous demander la sienne. » (Voltaire.) Est-il donc besoin qu'elle insiste lour- dement sur un raisonnement plus logique que persuasif? Ella s'est fait com- prendre à demi-mot, lorsqu'elle a dit :

Peut-être on vous a tu jusqu'où va son courroux.

104'*. Amour est très souvent féminin au xvii* siècle, même au singulier, chez Racine aussi bien que chez Corneille. En 1647, Vaugelas disait : « 11 est ic- différent de le faire masculin ou féminin, » et penchait personnellement pour le féminin. Dans ses f>l>siTvations, publiées en 1672, Ménage préfère au con- traire le masculin. « Corneille, dit M. Marty-Laveaux, sans doute guidé par son frère qui devait en ces matières avoir beaucoup d'autorité sur lui, avait prévenu cette décision; et, revoyant ses œuvres dramaliques, il avait changé plusieurs vers de façon à faire nmour masculin ou à y substituer un équiva- lent. » Voltaire critique le début de cette scèm : « Est-ce ici le temps de se plaindre qu'on a mal reçu le-s profon Is respects do l'amour, quand il s'ai-it d'un f arrici'Je? » On peut critiquer lo caractère des deux princes, tel qu'il est tracé par Corneille; mais, étant donné ce caractère, il ne peut changer brus- quement. Antiochus continuera d êtro doux et plaintif, Seleucus impétueux. (1 On n'a pas fait assez d'attention à la situation critique des deux princesses, qui sont en garde l'une contre l'autre et se tiennent mutuellement en échec, tandis que les jeunes princes, doux, vertueux, sensibles, sont ballottés par les passions de leur mère et de leur maîtresse! » (Geoffroy, Cours de tiilerulure dramoliqiie, I.)

10.50. » Ce vers a toujours été regardé comme un jeu d'esprit, qui diminue riiorreur de la situaiion. On sait que les Parthes lançaient des flèches en fuyant; mais ce n'est pas [>arce que Rodogune sort qu'elle afflige ces princes, c'est parce qu'elle leur a fait auparavant une proposition ailreuse qui n'a rien de commun avec la manière dont les Parth'^s combattaient. ■> (Voltaire i. 11 faut condamner, plus nettement que Voltaire cette fois, ce rapprochement iont lo moindre défaut est d'être spirituel, bien que faux, dans uue situaiion où les traits d'esprit sont déplacés. Mais si, écartant la forme, nous allons au fond, peut-être découvrirons-nous un trait essentiel du caractère de Rodogune. Clairvoyant ici, Antiocnus commence à la connaître.

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