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108 ETUDE

— jour trois fois heureux ! moment trop atteudul" Tu mas rendu la vie! » et : «Vous m'avez perdu! »

Chose étrange! à ces cris de douleur et de joie, Un grand peuple accouru ne veut pas qu'on les croie; 11 s'aveugle soi-même, et ce pauvre pêcheur. En dépit de Carlos, passe pour imposteur. Dans les bras de ce tils ou lui fait mille hontes ; C'est un fourbe, un méchant suborné par les comtes. Eux-mêmes (admirez leur générosité) S'efforcent d'affermir cette incrédulité : Non qu'ils prennent sur eux de si lâches pratiques, Mais ils eu font auteur un de leurs domestiques. Qui, pensant bieu leur plaire, a si mal à propos Instruit ce malheureux pour affronter Carlos. Avec avidité cette histoire est reçue; Chacun la tient trop vraie aussitôt qu'elle est sue; Et, pour plus de croyance à cette trahison. Les comtes font traîner ce bon homme en prison. Carlos rend témoignage eu vain coutre soi-même; Les vérités qu'il dit cèdent au stratagème : Et. dans le déshouueur qui l'accable aujourd'hui, Ses plus grands envieux l'en sauveut malgré lui. Il tempête, il meuace, et, bouillant de colère, 11 crie à pleine voix qu'on lui r&ndc son père : On tremble devant lui sans craindre son courroux; Et rien... Mais le voici qui vient s'en plaindre à vous.

��SCENE V

D ISABELLE, D. LÉONOR, D. ELVIRE, BLANCHE, CARLOS, D. MANRIQUE, D. LOPE

��Eh bien ! Madame, enfin on connaît ma naissance ; Voilà le digne fruit de mon obéissance. J'ai prévu ce malheur, et l'aurais évité. Si vos commandements ne m'eussent arrêté. Ils m'out livré. Madame, à ce moment funeste; Et l'on m'arrache encor le seul bieu qui me reste! On me vole mon père! on le fait criminel! On attache à son nom un opprobre éternel!

Je suis fils d'un pêcheur, mais non pas d'un infâme; La bassesse du sang ne va point jusqu'à l'âme. Et je renonce aux noms de comte et de marquis Avec bieu plus d'honneur qu'aux sentiments de fils; Rien n'en peut effacer le sacré caractère. De grâce, commandez qu'on me reude mon père;

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