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116 ÉTUDE

connais que sur la foi d'une traduction latine; et. puisque sa paraphrase abrèj,'e le texte d'Aristote eu cet article, a-j lieu de l'étendre, je ferais mieux d'en croire ce dernier, qui ne permet point à cet ouvrage de prendre un nom plus relevé que celui de comédie. Ce n'est pas que je n'aie hésité quelque temps, sur ce que je n'y voyais rien qui pût émouvoir à rire. Cet agrément a été jusqu'ici tellement de la pratique de la comédie, que beaucoup ont cru qu'il était aussi de son essence; et je serais encore dans ce scrupule, si je n'eu avais été guéri par votre Heinsius, de qui je viens d'apprendre heureusement que mocei'e Thum non constituil cojnœdia»), sed ple/>is aucupium est, et abusus. Après l'autorité d'un si grand homme, je serais coupable de chercher d'autres raisons, et de craindre d'être mal foudé à soutenir que la comédie se peut passer du ridicule. J'ajoute à celle-ci l'épithète de héroïque, pour satisfaire aucunement à la dignité de ses personnages, qui pour- rait sembler profanée par la bassesse d'un titre que jamais ou n'a appliqué si haut. Mais, après tout, monsieur, ce n'est qu'un intei'im, jusqu'à ce que vous m'ayez appris comme j'ai dû l'intitu- ler. Je ne vous l'adresse que pour vous l'abandonner entièrement: et si vos Elzéviers se saisissent de ce poème, comme ils ont fait de quelques-uns des miens qui l'ont précédé, ils peuvent le faire voir à vos provinces sous le titre que vous lui jugerez plus conve- nable, et uous exécuterons ici l'arrêt quj vous eu aurez donné. J'at- tends de vous cette instruction avec patience, pour maCfermir daus mes premières pensées, ou les rejeter comme de mauvaises tentations : elles flotteront jusque-là ; et si vous ne me pouvez accorder la gloire d'avoir assez appuyé une nouveauté, vous me laisserez du moins celle d'avoir passablement défendu un para- doxe. Mais quand même vous m'ôteriez toutes les deux, je m'en consolerai fort aisément, parce que je suis très assuré que vous ne m'en sauriez ôter une qui m'est beaucoup plus préceuse; c'est celle d'être toute ma vie,

MONSIEDR ,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Corneille.

Daus le Discours du poème dramatique, Corneille dit à peu près de même : « Bien qu'il y aye de grands intérêts d'Etat dans un

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