Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/143

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INTRODUCTION Î31

de ce caraclère héroïque qui tient en échec, par le calme d'une ànie alliere et dédaigneuse, toute la puissance des maî- tres du monde. »

' De tous les personnages de Nicomède, Prusias est assuré- ment celui dont les traits historiques sont le moins altérés. Seulenienl, tout en reslanl fortement individuel, il est élevé, pour ainsi diie, à la diiznité de t3pe , et personnilie tous ces rois avilis sous la tutelle impéiieuse du sénat. « Qu"étaient-ce, en effel, que tous ces rois, amis de nom, mais en réalité sujets des Romains? Un Ariarathe, qui remerciait les dieux par de pompeux sacriilces de lui avoir concilié la bienveillance des Romains? Un Eumène, qui venait plaider sa cause contre les Uhodiens au tribunal du sénat? Un Anliochus l'Illuslre, qui renlrail iiiolFensif et désarmé dans ses Elats, d'où il élait soi'ti terrible pour envahir l'ilgypte? Mais il s'était senti tout h coup arrêté dans le cercle de Popilius. Un Micipsa, qui re- commandait en mourant à ses fils de se croire seulement les adminisiraleurs du royaume et d'en regarder les Romains comme les maîtres? Prusias les surpassa tous en humble obéissance. 11 avait raison de lemplacer, à l'arrivée des am- bassadeurs de Home, sa couionne royale par un bonnet d'af- franchi. On aurait pu lui reprocher seulement de se faire trop d'honneur, car un roi ne pouvait en venir là qu'en lom- bant au-dessous d'un esclave'. »

Polybe et Tite-Uive, Appien et Diodore aliondent en dé- tails curieux; il ne s'agissait que de choisir. Qu'on lise dans Tite-Live - le lécit du voyage de Prusias à Rome. Accompa- gné de son fils Mcoméde, le roi de Bithynie va d'abord tout droit au Torum ; là, il déclare qu'il est venu rendre hom- mage aux dieux lutélaires de Home, et il accable les Romains de félicitalions banales pour leurs récentes victoires de Ma- cédoine et d'IUyrie. Dans le sénat, aux mêmes compliments démesurés il joint, mais avec une discrétion de bon goût, quelques humides requêtes. Son ambition est modeste, il supplie qu'on lui permette «l'acquitter un vœu en immolant dix grandes victimes, qu'on daigne renouveler avec Un le ti'ailé d'alliance déjà conclu, et aussi, en passant, qu'on lui accorde une portion du leiritôire conquis sur Anliochus. Puis il présente aux pères conscrits son fils Nicomède, qui n'est point donné Là comme un ennemi farouche de Rome :

��i. Naudet. Préface de Nicomède. - Voyez PoI^be, XXIX, II; XXXI, 14; Tite-Live, XXXVII, 32 et 59; Valère-Maxime, VI, 4, 3 ; Salluste, Jugurtha. Voye» aussi les extraits donnés en note de l'Avis au lecteur.

2. Livre XLI, ch. 44.

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