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THEODORE

VIERGE ET MARTYRE

TRAGÉDIE CHRÉTIENNE^ (1643)

��A en croire l'abbé d'Aubiguac, Théodore serait au premier ranu parmi les tragédies de Corneille : « C'est une pièce dont la cons- titution est très ingénieuse, où l'intrigue est bien conduite et bien variée, où ce que l'histoire donne est fort bien manié, où les changements sont fort judicieux, où les mouvements et les vers sont dignes du nom de l'auteur 2. » ]l est vrai que le sujet prête k la critique; mais quel art dans la conduite des incidents ! Le sévère a])bé y insiste avec complaisance, et conclut : « Je ne sais pas (jucl sentiment M. Corneille a de cette pièce; mais, je le répète, c'est à mou avis son chef-d'œuvre 3. » Cet éloge peu mesuré n'a pas porté bonheur à Théodore. « Il y a de ces gens, dit Sainte- Beuve, qui ont ainsi dans leurs préférences une certitude de mauvais goût qui rassure et qui vérifie par le contraire tout ce qu'on doit penser d'un auteur et d'un livre. » Toutefois, il ne faudrait pas prendre directement le contre-pied du mot de d'Au- bignac, et tout mépriser dans Théodore. Un amateur de théâtre, dont le goût n'est pas toujours aussi sûr. nous parait avoir donné la note juste quand il a écrit : « Le sujet n'est point théâtral ; il s'y trouve cependant des beautés dignes de son grand auteur *. »

Sur le sujet, tout le monde est d'accord. « On ne put souffrir dans Théodore la seule idée du péril de la prostitution, » dit Fon- teuelle, et Corneille lui-même, dans son Épitre adressée à un ano-

I. La première édition, publiée riiez Antoine de Somraaville, est de 1646,.in-4">. t. Pratique du théâtre, II, 1.

3. Ibid.. II, 8.

4. De Mouhy, Abrégé de l'histoire du théâtre français.

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