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INTRODUCTION 189

« La plupart de ces corrections no sont pas heureuses, et cela n'est pas étonnant; mais ce qui doit le paraître, c'est le ton peu mesuré, peu respectueux, dont il critique Pierre Cor- neille. » Aussi Andrieux se pernieltra-t-il peu de criLi(|ues; il s'interilira ces larges coupures que Lekain pratique, assez gauchement parfois, dans le texte, devenu mécoiinai5sal)le, ces fusions de scènes, ces mutilations violentes ; mais il ino- didera, silencieusement, la plupart des vers marquants de la pièce, et, respectueusement, il les remplacera par des vers de sa façon. lUen n'est plus lamentable que les tiers alexan- drins de Corneille habillés par Andrieux à la mode du SIX" siècle commençant. Mais c'est par une admiration mal entendue pour le poète qu'il lui prèle ce déguisement moderne, iîien des fois il a souffert d'entendre mui'nuirer, de voir sou- rire l'auditoire, h certains mots vieillis ou d'une familiarilé triviale; bien des fois il a cherché le mo3en de faire cesser «celle espèce de scandale », et ce moyen, il croit sincère- ment l'avoir Irouvé, après un entrelien avec Talma, qui par- tageait ses senliments : « A l'égard des changements pour Nicomcde, ils m'ont été demandés par M. Talma, dans le tem[)s où il étudiait ce rôle, qu'il n'avait pas encore joué. Obliger en cela ce grand acteur c'était rendre en même temps un service au public : ce douille motif était déterminant. Ces changements ont été approuvés et adoplés par notie iJoscius; il y en a même quelques-uns (|ui lui apparlienneni ; Ions ceux du rôle de Nicomède et la plupart de ceux des autres rôles sont actuellement en usage aux représentations de celte pièce sur le Théàtre-Fi'anfais. L'actrice qui tenait alors en chef le rôle de Laodice ne voulut pas faiie le pelil ciïort d'ap- prendre quelques vers dillérents de ceux qu'elle avait dans la mémoire : et ce rôle est celui où il est entré le moins de changements proposés. »

Raron au xvii" siècle, Lekain au xyiii^ Talma au xix", voilà les trois grands acteurs qui mainlinrcnl vicloiieiisement Nicomède sur la scène, à travers les transformations diverses •iii goût public. Talma pourtant avait des ennemis, et parmi eux le critique Geoffroy, qui le jugeait froid aux endroits où il faut être chaleureux, et s'égayait fort aux dépens de la re- commandation inutile de Prusias :

��Vous m'offensez moi-même en parlant de la sorte. Et vous devez doinjiter l'ardeur qui vous emporte •.

��i. Nicomède, II, 3.

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