260 NICOMÈDE
Que pour y remuiiLer il vous donne la main.
LAODICE.
Si jamais jusque-là votre guerre m'engage, 795
Je serai bien changée et d'âme et de courage.
Mais peut-être, Seigneur, vous n'irez pas si loin :
Les Dieux de ma fortune auront un peu de soin;
Ils vous inspireront, ou trouveront un homme
Contre tant de héros que vous prêtera Rome. 800
PRL'SIAS.
Sur un présomptueux vous fondez votre appui; Mais il court à sa perte, et vous traîne avec lui.
Pensez-y bien, Madame, et faites-vous justice : Choisissez d'être reine, ou d'être Laodice, Et, pour dernier avis que vous aurez de moi, 805
Si vous voulez régner, faites Attale roi. Adieu.
��scenl: II.
FLAMINIUS, LAODICE.
FLAMINIUS.
Madame, enfin une vertu parfaite...
��794. Donner la main semblp avoir ici un double sens : car d'abord l'es pression s'accorde bien avec la métaphore remonter, et le vers, pris de ce biais, signiQe : qu'il vous tende la main pour vous ald-r à remonter sur le trône. D'autre part, donner la main équivaut souvent, chez Corneille, à épouser:
Apres celte victoire, il n'est point île Romain
Qui ne soit glorieux de vous donner la main. {Horace, 1182.)
Corneille se souvenait de la locution espagnole darse las manos, qui a le même sens.
796. Je serai bien changée de courage, c'est-à-dire : mon cœur sera bien changé.
799. L'inébranlable fermeté de Laodice ne lui vient pas seulement de la pleine possession d'elle-même qu'elle est assurée de garder jusqu'au bout, de l'indépen- dance royale qu'elle saura sauvegarder; elle lui vient aussi et surtout de l'admi- ration sans bornes que lui inspire Nicomëde et de la confiance absolue qu'elle a en sa destinée.
802. Traîne est ici pour entraîne.
807. Un ambassadeur de Rome qui ne dit mot dans cette scène y fait, selon Voltaire, un personnage trop subalterne. La critique serait juste si Flaminius sor- tait en même temps que Pnisias ; mais il s'est seulement réservé pour un entre- tien p.irticulier avec Laodice. L'éloquence de l'rusias a pu se déployerlibrement; Flaminius va parler à son tour, et sur un autre ton. Ce n'est point sa faute si Lao- dice interrompt dès le premier mot le plaidoyer préparé.
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