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ACTE CINQUIÈME

��SCENE I. ARSINOÉ, ATTALE.

��J'ai prévu ce lunuiUe, et n'en vois rien ù craindre :

Comme un moment l'aliume, un momentpeut l'éteindre, 1480

Et si l'obscurité laisse croître ce bruit,

Le jour dissipera les vapeurs de la nuit.

Je me fâche bien moins qu'un peuple se mutine

Que de voir que ton cœur dans son amour s'obstine,

Et, d'une indigne ardeur lâchement embrasé, 1485

Ne rend point de mépris à qui t'a méprisé.

Venge-toi d'une ingrate, et quitte une cruelle,

A présent que le sort t'a mis au-dessus d'elle.

Son trône, et non ses yeux, avait dû te charmer :

Tu vas régner sans elle; à quel propos l'aimer? 1490

Porte, porte ce cœur à de plus douces chaînes.

Puisque te voilà roi, l'Asie a d'autres reines,

1470. Ce tumulle, ce mouvement populaire. Quoi qu'on dise Voltaire, rcttî .sédition n'est pas une» maehine triviale ». Xicomcde, qu'on ne l'oublie pas, a été joué en 1050. un peu avant la délivrance des princes. Le souvenir de la Fronde parlementaire était encore bien récent, et le premier acte de la Fronde des princes se jouait à Bordeaux et à Stenay. Corneille ne voyait donc pas en cette sédi- tion un ressort vulgaire; comme en bien d'autres pièces, il peignait ce qu'il avait en sous les yeux. D'ailleurs, cette sédition n'est point inattendue ; Laodice l'a, ])0ur ainsi dire, annoncée dès la fin de la première scène ; Prusias la redoute, et Nicomede lui-même n'a pas laissé ignorer à ses ennemis que leur victoire pou- vait n'être pas définitive.

1480. On peut allumer un tumulte, lorsque' ce mot a, comme ici, le sens évi- dent de sédition.

149^. Arsinoé ne comprend point d'autre passion que celle du pouvoir, parce qu'elle n'en a point d'autre elle-même. C'est aussi sous l'empire d'un sentiment exclusif que don Diègue et le vieil Horace disent à Rodrigue et à Camille : Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses !.„

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