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ACTE V, SCÈNE V 317

Cette porte seciète ici nous favorise.

Mais, pour faciliter d'autant mieux l'entreprise, J62(i

Montrez-vous à ce peuple, et, tlaltant son courroux,

Amusez-le du moins à débattre avec vous ;

Faites-lui perdre temps, tandis qu'en assurance

La galère s'éloigne avec son espérance.

S'il force le palais, et ne l'y trouve plus, l6'2o

Vous ferez comme lui le surpris, le confus;

Vous accuserez Rome, et promettrez vengeance

Sur quiconque sera de son intelligence.

Vous envoirez après, sitôt qu'il sera jour,

Et vous lui donnerez l'espoir d'un prompt retour, 1630

Où mille empèchf-ments que vous ferez vous-même

1621. Flattrr veut dire ;i l;i fois, i liez les tragiques, tromf'r en déguisant la vérité d"une manière avantageuse pour celui à qui Ion s'adresse (c'est le sens qu'avait ce mot au v. 1423), et apaisei\- tu flattes ma douleur équivalait à tu essayes de me consoler, ki, Prusias va s'efforcer d'apaiser la foule en la trompant.

1622 Débattre est ici pris absolument, comme au v. 127 de Miidèe : « On débat. " — Il Débattre est un verbe rélléchi qui n'emporte point son action avec lui... Mais quand débattre est actif, il faut un sujet, un objet, un régime. « (Vol- taire.) — Il Dans l'ancienne langue on avait une liberté très grande et très heureuse d'employer les verbes neutralement ou absolument dans des cas ou l'on se servi- rait aujourd'hui de l'actif ou du rélléchi. " (.M. Godefroy.)

1623. Perdre temps, pour perdre du temps, perdre son temps, construction elliptique dont on trouve de fréquents exemples chez Corneille : « Je n'ai point perdu temps. " {Cinna, 213.) Voyez la même locution au v. 1644. On disait même en prose:» Ne perdons point temps, approchez-vous. » (Larivey, Esprits, lll, 2.)

1020. Vous ferez le surpris, le confus, vous jouerez la surprise, la confusion ; « (1 a fait le surp-is. » {Tite, 709.)

Klen ne vous sert ici de foire Irs surjiris. {Hodogunc, fC9.)

Comparez, au v. 330. « j'ai fait de l'efl'rayée. » — A Voltaire, dont cette ruse mesquine choque la délicatesse, Naudet répond : n Blâmer Corneille d'avoir fait imaginer une petite ruse à une femme sans droiture et sans vertu, qui triom- phe dans les intrigues, c'est trouver étrange qu'un arbre porte ses fruits. Cette ruse, d'ailleurs, est adroitem(!nt conçue dans le dessein des ennemis de Nico- niède; elle est utile pour l'action, et elle a de plus le mérite d'ajouter un trait de mœurs au tableau. »

1628. Sfra de son intfllif/ence, sera son complice. Voyez le v. 1 107,

Destins, soijfz enfin île mon intclUijenic. {Clitandn:, lltH.)

1629. Vous envoirez ; voyez le v. 1383.

Vons envoirez la paix oii je voudrai la guerre. {Attila, 833.)

Il Rn général, quand on trouve une autre forme dans les écrivains du xvii° siè- cle, c'est que leur teste a été mal à propos rajeuni. Dans ses Observations sur les Remarques de Vaugelas, Thomas Corneille dit que quelques-uns écrivent j'enverrai : « Je ne sais, ajoute-t-il, si cette prononciation est reçue de tout le monde, mais je voudrais toujours écTire fetivoirai. » Cependant la forme /pji- verrai (cnvoirrai, envairrai, enverrai) fit de rapides progrès, que le P. Buffier constate en ces termes dans sa Grammaire, publiée en 1709 : « Envoyer, mittere, fait doiiuis un temps j'enverrai aussi communément que j'envoierai. » (.M. Marty- Laveaux.) — Après, pour après lui, tour encore familier au peuple.

1631. Où, moment ou, tandis que..., cependant que, comme disait Corneille.

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