Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/462

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Nous touraerous-uous du côté de Massinissa ? Mais Sophouisbe elle-même (car elle ne s'abaoïloune pas et juye froidemeut ceux dout elle se fait aimer) nous l'a peint tout eutier en ces deux vers cruels ;

Toute sa nation est sujette à l'amour ;

Mais cet amonr s'allume et s'éteint en un jour.

Cet Africain passionné, ce soldat brillant qui a promis à Sopho- uisbe de ne pas la laisser tomber entre les mains des Romains, comme il semble petit quand les Romains élèvent la vois! Lélius lui parle eu maître avec une moqueuse impertinence :

Notre ami tout ensemble et gendre d'Asdrubal, Croyez-moi, ces deux noms s'accordent a^sez mal!

11 lui fait honte de cette faiblesse momentanée :

Mais, quand à cette ardeur un monarque défère, 11 s'en fait un plaisir et non pas une atfaire. 11 repousse Tamour comme un lâche attentat, Dès qu'il veut prévaloir sur la raison dEtat !

Humilié par les Romains, il est écrasé par le voisinage de Sopho- uisbe, dont la magnanimité virile ne se dément pas. Fière et me- naçante jusqu'au bout, elle refuse de s'abaisser à la prière.

Quoi ! j'irais mendier jusqu'au camp des Romaius La pitié de leur chef qui m'aurait eu ses mains! J'irais déshonorer, par un honteux hommage. Le trône où j'ai pris place, et le sang de Carthage; Et Ton verrait gémir la fille d'Asdrubal Aux pieds de l'ennemi pour eux le plus fatal! La vieille antipathie entre Rome et Carthage N'est pas prête à finir par un tel assemblage.

C'est Massinissa qui doit demander grâce pour elle. Mais les Ro- mains connaissaient trop bien la Carthaginoise et l'énergie persé- vérante de sa haine pour être tentés de pardonner. Massinissa n'obtient même pas la permission de revenir près de sa femme. Libre désormais , la fille d'Asdrubal s'affranchit de l'esclavage par le poison ;

Leur bassesse aujourd'hui de tous deux me dégage, Et, n'étant plus qu'à moi, je meurs toute à Carthage.

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