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SUR SOPHONISBÉ 4ol

Elle parle de Carthage avec la même dévotion que le jeune Ho- race de Rome. On conçoit qu'une fin si héroïque arrache à Lélius subjugué ce cri sincère :

Une telle fierté devait naître romaine.

Mais la fierté de Massinissa, qu'est-elle devenue ? Il ne parait pas au dénouem'ent. et fait l)ien de s'abstenir. Qu'eùt-il pu dire et faire désormais? Les Romains se chargeront, d'ailleurs, de lui faire oublier Sophonisbe en le fiançant à Éryxe. Même,le complai- sant Lélius se chargera de rassurer la princesse africaine, trop peu confiante dans la constance du mari de Sophonisbe :

Madame, encore un coup, laissons-en faire au temp^^.

C'est à peu près ce que dit le roi à Rodrigue au dénouement du Cid; mais, dans le Cid, le dénouement est entrevu, attendu, sou- haité. Ici, que nous importe le bonheur d'Éryse, personnage épiso- dique et inactif, dont le rôle semble être uniquement d'ofi'rir à Sophonisbe l'occasion de déployer son orgueil hautain ?

��III

��DE VISE ET D AUBIGNAC

La Sophonisbe de Mairet avait soulevé un débat où le priucipal champion, favorable au poète français, avait été le comte Prosper Bonarelli, d'Ancône, tragique italien estimé. La Sophonisbe de Corneille suscita une querelle littéraire qui n'eut point l'impor- tance, mais eut parfois la vivacité de celle du Cid.

Réussit-elle? Ou n'en saurait douter si l'on s'en fiait au témoi- gnage de Loret, qui exalte cette «pièce nonpareille», et s'écrie, dans la ferveur d'un enthousiasme fidèle : «Qui dit Corneille dit tout ' ! » Mais l'enthousiasme de Loret est souvent banal ; un autre contemporain avoue que le public est resté froid, mais donne de

1. Mitse hiitorique du i!0 janvier 1GG3.

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