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486 ÉTUDE

au même degré; que, d'ailleurs, il n'avait pas choisi un sujet d'un intérêt général, .vraiment historique et vraiment humain, mais une sorte de querelle toute personnelle entre un général et son roi, sans se tenir même en garde contre ces noms inconnus dont la forme quelque peu rébarbative avait effrayé les spectateurs de Pertharite.

Si l'on en croit Corneille, peu de tragédies seraient plus origi- nales qu'Agésilas : « La manière dont je l'ai traitée n'a point d'exemple parmi nos Français, ni dans ces précieux restes d( l'antiquité qui sont venus jusqu'à nous, et c'est ce qui me l'a fait choisir... On court, à la vérité, quelque risque de s'égarer, et même on s'égare assez souvent quand on s'écarte du chemin battu; mais on ne s'égare pas toutes les fois qu'on s'en écarte : quelques-uns en arrivent plus tôt où ils prétendent, et chacun peut hasarder à ses périls i. »

Quelle était donc l'innovation hasardée pour laquelle Corneille plaidait ainsi les circonstances atténuantes? On n'en voit point qui touche au fond même de l'œuvre. Les mètres, il est vrai, sont inégaux, et de cette variété du rythme résulte une certaine variété dans le ton, qui est souvent celui de la comédie. Mais les données générales n'ont rien de fort nouveau : ce sont toujours les mêmes héroïnes éprises de leur <> gloire », les mêmes héros en qui se personnifie le triomphe du devoir sur la passion.

Le vaillant Lysander a deux filles : l'une, Elpinice, aime Spitri- date, grand seigneur persan ; l'autre, Aglatide, que le roi Agésilas a semblé distinguer autrefois, aimeCotys, roi de Paphlagonie, qui, de son côté, est amoureux en secret de Alandane , sœur de Spitri- date. Elpinice était d'abord fiancée à Cotys, et Aglatide k Spitridate ; mais elles ont fait un échangea l'amiable de leurs fiancés, et Cotys seul y résiste, sans oser dire pourquoi. Comme si la situation n'était pas encore assez compliquée, cette belle Persane qu'aime Cotys, Agésilas l'aime aussi.

Rien de moins dramatique que les deux premiers actes , mal remplis par des conversations d'une galanterie subtile ou d'une froide politique. Le Persan Spitridate raisonne à merveille sur le despotisme oriental comparé à la liberté grecque :

La Grèce a de plus seiintes lois ; Elle a des peuples et des rois

I. Aulecteoit

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