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SUR AGESILAS 481

Qui gouvernent avec justice : La raison y préside, et la sage équité ; Le pouvoir souverain, par elles limité,

N'y laisse aucun droit au caprice.

-Mais sa sœur Mandanc, non moins versée que lui dans la poli- Uipio, lui répond avec ironie :

Si le roi de la Perse est un peu trop monarque. Eu Grèce il est des rois qui ne sont pas trop rois ; 11 en est dont le peuple est le suprême arbitre; 11 en est d'attachés aux ordres d'un sénat ; Il en est qui ne sont enfin, sous ce grand titre, Que premiers sujets de l'Etat.

Que fout donc à Éphèse tous ces beaux discoureurs ? qu'y fout Agésilas etLysander? Il semble que la grande aflaire de celui-ci soit le mariage de ses filles ; ce guerrier paterne a l'indulgence attendrie d'un Chrysale ;

Allez, on m'a vu jeune, et par expérience

Je sais ce qui se passe au cœur des vrais amants.

L'aimable Aglatide, plus vive et enjouée qu'Elpinice, semble la digne fille d'un tel père :

La joie est bonne à mille choses, ]\Iais le chagrin n'est bon à rien.

Ce n'est là pourtant que la surface. Au fond Aglatide est fière et ambitieuse. Deux rois, Agésilas et Cotys, lui échappent, elle le sent, et pourtant n'abaisse pas son orgueil :

Je mourrai fille, ou vivrai reine.

De même, Lysander sous cette bonhomie apparente cache des projets ambitieux ; avec le vénal Cléou, orateur grec d'Halicarnasse, il trame un complot véritable contre Agésilas. En face même de ce roi, en qui il voit un ingrat, il se redresse, fort de ses longs services, conscient de sa valeur. « Un homme tel que moi! » s'écrie- t-il, comme dans le Cid s'était écrié l'orgueilleux don Gormas. A son tour, le roi, écrasé par le voisinage d'un tel capitaine, a des plaintes amères. La scène est vraiment belle. Avec quelque excès dans

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