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SUR AGÉSILAS 493

Le mien vous servit moins qu'il ue servit la Grèce, Quand j'en sus ménager les cœurs avec adresse

Pour vous en faire général. Je vous dois cependant et la vie et ma gloire ;

Et lorsqu'un dessein malheureux Peut me coûter le jour et souiller ma mémoire, La magnanimité de ce cœur généreux...

��Reprochez-moi plutôt toutes mes injustices, Que de plus ravaler de si rares services. Elles ont l'ait lo crime, et j'en tire ce bien, Que j'ai pu m'acquitter et ne vous dois plus rien.

A présent que la gratitude Ne peut passer pour dette en qui s'est acquitté, Vos services, payés d'un traitement si rude. Vont recevoir de moi ce qu'ils ont mérité. S'ils ont su conserver un trône en ma famille, J'y veux par mou hymen faire seoir votre fille. C'est ainsi qu'avec vous je puis le partager.

LYS.\NDER.

Seigneur, à ces boutés que je n'osais attendre. Que puis-je...

AGÉSILAS.

Jugez-en comme il eu faut juger.

Et surtout commencez d'apprendre Que les l'ois sont jaloux du souveraiu pouvoir, Qu'ils aiment qu'on leur doive, et ue peuvent devoir; Que rien à leurs sujets n'acquiert l'indépendance ; Qu'ils règlent à leur choix l'emploi des plus grands cœurs ; Qu'ils ont pour qui les sert des grâces, des faveurs. Et qu'on n a jamais droit sur leur reconnaissance. Prenons dorénavant, vous et moi, pour objet Les devoirs qu'il faudra l'un à l'autre nous rendre :

N'oubliez pas ceux d'un sujet,

Et j'aurai soin de ceux d'un gendre.

Qui ne reconnaît ici l'admirable scène du cinquième acte de Cinna? mais aussi qui ne s'étonne d'une clémence si spontanée, si absolue, soudainement éclose d'une âme qui jusqu'alors était ap- parue si peu sublime ? Auguste donne Emilie à Cinna ; Agésilas de- mande à, Lysanderla main de sa fille Aglatide, à qui il fallait uu roi. A défaut d' Agésilas, c'est encore un roi qu'épousera Mandane, en épousant Cotys , qu'elle aime. Spitridate et Elpinice enfin seront imis. Cette tragédie, si rarement tragique, s'achève donc en vaude- ville, par un triple mariage.

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