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512 ETUDE

Sei'toriu?, est d'abord ua amour tout politique. 11 semble que le poète ait senti le danger. Eu assez mauvais style, le roi des Gé- pides, Ardaric, conseille à cet étrange soupirant de consulter son cœur; mais Attila répond avec une fermeté froide :

L'amour chez Attila n'est pas un bon suffrage; Ce qu'on m'en donnerait me tiendrait lieu d'outrage, Et tout exprès ailleurs je porterais ma foi. De peur qu'on n'eût par là trop de pouvoir sur moi. Les femmes qu'on adore usurpent un empire Que jamais un mari n'ose ou ne peut dédire : C'est au commun des rois à se plaire en leurs fers, Non à ceux dont le nom fait trembler l'univers. Que chacun de leurs yeux aime à se faire esclave ; Moi, je ne veux les voir qu'en tyrans que je brave : Et par quelques attraits qu'ils captivent un cœur. Le mien eu dépit d'eux est tout à ma grandeur. Parlez donc seulement du choix le plus utile.

La plupart des personnages de Corneille songent au gr.iuo, Attila songe à l'utile. Il lui faut un conseil précis, qui sur-le-champ puisse être transformé en résolution. C'est pour cela, et pour cela seulement, qu'il daigne consulter ses deux rois ordinaires. Us s'efforcent de le satisfaire et n'y réussissent pas, malgré leur boune volonté évidente. Le bon La Fontaine nous a dit combien était terrible la colère " du roi-lion ». Combien plus terrible en- core est celle du roi-tigre! Il promène ses regards chargés de me- naces sur ses conseillers épouvantés, et se plaît à prolonger leur effroi.

ATTILA.

Est-ce comme il me faut tirer d'inquiétude.

Que de plonger mon àme en plus d'incertitude?

Et pour vous prévaloir de mes perplexités,

Choisissez-vous exprès ces contrariétés?

Plus j'entends raisonner, et moins on détermine;

Chacun dans sa pensée également s'obstine;

Et quaud par vous je cherche à ne plus balancer,

Vous cherchez l'un et l'autre à mieux m'embarrasser!

Je ne demande point de si diverses routes :

Il me faut des clartés et non de nouveaux doutes;

Et quand je vous confie un sort tel que le mien.

C'est m'oflenser tous deux que ne résoudre rien.

��Seigneur, chacun de nous vous parle comme il pense. Chacun de ce grand choix vous tait voir l'importance;

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