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538 ETUDE

Doiiiitie oppose uu Iront tranquille. Elle l'aime, mais elle aime plus encore le pouvoir :

Je ne veux point. Seigneur, vous le dissimuler, Mou cœur va tout à vous quand je le laisse aller ; Mais, sans dissimuler j'ose aussi vous le dire, Ce n'est pas mon dessein qu"il m'en coûte l'Empire; Et je n'ai point uue àme ù se laisser charmer Du ridicule honneur de savoir bien aimer. La passion du trône est seule toujours belle. Seule à qui l'âme doive une ardeur immortelle.

Si donc son amant veut la mériter, il faut qu'il ne la contraigne pas à « descendre »; il faut qu'il demande à son frère de partager l'empire avec lui. Domitian se garde d'obéir à cette étrange mise en demeure, et, au contraire, déclare à Tite les vrais sentiments de Domitie, qui, priée de s'expliquer, est dans le plus cruel embar ras, par sa propre faute. Mais quoi!

11 n'importe du cœur, quand ou sait son devoir.

Or, le « devoir » de Domitie est d'être impératrice. Elle s'indigne que Bérénice ose lui disputer ce titre; à peine sa rivale s'est-elle montrée qu'elle court à la vengeance. Elle nous en avertit : « Je ne sais pas même à quoi mon àme aspire », et l'avertissement était superflu, car son » aveugle fureur » éclate quand Tite semble la dé- daigner; mais elle n'éclate pas moins lorsque Domitian, qu'elle abandonne, feint de l'abandonner à son tour. Qui le croirait? elle lui reproche de s'être trop hâté de renoncera elle. 11 fallait attendre, « espérer jusqu'au dernier moment »! C'est à lui qu'elle demande de venger, en la vengeant, « l'honneur du nom romain ». Cette fois, Domitian ne peut s'empêcher de sourire :

Oh! que le nom de Rome est un nom précieux, Alors qu'en le servant on se sert encor mieux 1

doit venir souper avec nous aujourd'hui, et vous lui direz qu'il vous les explique. Dès que Corneille arriva, le jeune Baron alla lui sauter au cou, comme il faisait ordinairement, parce qu'il l'aimait, et ensuite il le pria de lui expliquer ces quatre vers, disant à Corneille qu'il ne les entendait pas. Corneille, après les avoir exa- minés quelque temps, dit : u Je ne les entends pas trop bien non plus ; mais réci- tez-les toujours : tel qui ne les entendra pas les admirera. » (Cizeron-Rival, lié- créatio)is littéraires, 1763, in-12.j

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