SUJR TITE ET BERENICE 539
Mais l'ironie ne la déconcerte pas; avec subtilité, mais avec lo- gique, elle explique l'apparente contradiction de ses sentiments : elle veut bien quitter d'elle-même Titus, mais elle ne permet pas que Titus la quitte. Et Titus ne se fait aucune illusion sur l'amour de Domilie; il le dit à son frère :
Elle ne m'aime pas : elle cherche à régner. Avec vous, avec moi, n'importe la manière. Tout plairait, à ce prix, à son humeur altière; Tout serait digue d'elle, et le nom d'Empereur A mon assassin même attacherait son cœur.
Ailleurs il le lui dit à elle-même :
Vous ne voulez ma main que pour vous couronner.
Les importunités de cette ambitieuse ne lui laissent pas le temps de '< respirer »; il s'en irrite, mais il sait qu'il faut l'épouser ou la perdre, et il aime encore mieux, dit-il, l'aimer que l'immoler. Au reste, hautaine et franche, elle dédaigne de dissimuler, et c'est au grand jour qu'elle étale sa résolution arrêtée de régner, son mépris pour les volontés du sénat :
Ce grand corps tous les ans change d'âme et de cœurs;
C'est le même Sénat, et d'autres sénateurs.
S'il alla pour Néron jusqu'à l'idolâtrie.
Il le traita depuis de traître à sa patrie.
Et réduisit ce prince indigne de son rang
A la nécessité de se percer le flanc.
Vous êtes son amour, craignez d'être sa haine
Après l'indignité d'épouser une reine.
Vous avez quatre jours pour en délibérer.
J'attends le coup fatal que je ne puis parer.*
Adieu. Si vous l'osez, contentez votre envie :
Mais en m'ôtant l'honneur n'épargnez pas ma vie.
«Bien rugi! » serait-on tenté de crier à, cet autre « adorable furie », plus furie encore qu'adorable. Dans la situation fausse où elle est placée entre Domitiau et Tite, elle ne peut guère nous in- téresser plus que son « déplorable amant », Domitian, toujours soupirant pour son » aimable ennemi », toujours mourant. Mais la situation de Tite n'est pas moins fausse entre Domitie et Bcré-
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