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nice. S'il feint d'aimer Domitie, c'est que son mariage avec la fille de Corbulon serait bien vu des Romains; mais c'est à Bérénice que son amour reste fidèle. Il sait sa faiblesse, et l'avoue ;
Maître de l'univers sans l'être de moi-même, Je suis le seul rebelle à ce pouvoir suprême; D'un feu que je combats je me laisse charmer. Et n'aime qu'à regret ce que je veux aimer. En vain de mon hymen Rome presse la pompe : J'y veux de la lenteur, j'aime qu'on l'interrompe, Et n'ose résister aux dangereux souhaits De préparer toujours et n'achever jamais.
En vain il essaye de fixer ces « vœux flottants de son àme iné- gale »; en vain il s'écrie : « Je veux l'aimer, je l'aime », il ne réus- sit pas à échauffer cet amour trop raisonnable :
J'écoute la raison, j'en goûte les conseils.
Et j'aime comme il faut qu'aiment tous nos pareils.
Toutes ces belles résolutions s'évanouissent dès que Bérénice apparaît. Tout à l'heure il souhaitait que l'absente lui fût infi- dèle, pour épouser l'autre avec moins de contrainte; maintenant la voici devant ses yeux : il ne voit plus qu'elle, et brusquement il quitte Domitie. Ici, comme en plus d'une de ses pièces, c'est à la femme que le poète a donné le caractère vraiment viril. Bérénice est la digne émule de Domitie. Avec quelle hauteur de dédain elle repousse Domitian, qui s'offre ou feint de s'offrir à la place de son frère !
Pour moi, qui n'eus jamais l'honneur d'être Romaine, Et qu'uudestin jaloux n'a fait naître que reine. Sans qu'un de vous descende au rang que je remplis, Ce me doit être assez d'un de vos affranchis.
��Avec quelle fierté indignée elle se refuse à « mendier lâchement » le prix des services rendus autrefois à Tite! Avec quelle ironie al- tière et cruelle, spirituelle toujours, et trop spirituelle, elle accable sa rivale! Mais aussi comme le courroux fait vite place à la ten- dresse, les reproches aux plaintes, lorsque l'infidèle se présente, triste lui-même de son infidélité forcée 1 II faut citer, malgré ses
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