Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/166

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tardives. Il permet pourtant aux femmes d’accoucher en tout honneur au bout de dix mois et dix jours. Ainsi le médecin Bouvart est pourtant moins sévère que le chirurgien Louis. Enfin Astruc, dont le seul nom, malgré son grand savoir, est devenu injurieux pour un homme d’honneur ; l’honnête Astruc, peu de temps avant de mourir, a aussi traité la question des naissances tardives dans son Essai sur les maladies des femmes, et s’est rangé du côté de son illustre confrère Bouvart. Pendant que ces messieurs condamnaient ainsi les femmes paresseuses et tardives, celle qui leur avait fourni l’occasion de déployer leur sévérité mourut en Bretagne avant le jugement définitif du procès qu’on lui avait suscité.

Je pardonne à MM. Astruc, Bouvart et Louis d’avoir déraisonné sur cette question avec tant d’assurance, et même d’avoir manqué à la probité si le cas y est échu, puisqu’ils nous ont procuré un excellent ouvrage intitulé Recueil de pièces relatives à la question des naissances tardives, en deux parties, grand in-8o, par A. Petit, de l’Académie royale des sciences, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris.

M. Lebas, chirurgien, écrivit le premier pour la légitimité des naissances tardives. M. Petit, consulté sur la même question, se déclara pour le sentiment de M. Lebas. L’autorité de cet illustre et savant médecin devait être d’un très-grand poids. Non-seulement c’est un des plus grands anatomistes du royaume, mais il a suivi et pratiqué longtemps lui-même l’art des accouchements, et avait par conséquent fait une étude particulière de cette partie de la science, Il donna cependant sa consultation sans attaquer, sans nommer même les personnes d’un avis contraire. L’aimable M. Bouvart, entraîné par la douceur ordinaire de son caractère, fit une réponse pleine d’injures à un homme qui ne lui avait pas seulement parlé. Ce procédé malhonnête, soutenu par feu M. Astruc, piqua M. Petit ; et quand un homme de grand mérite s’avise de mettre ses ennemis en poussière, cet acte de justice tourne ordinairement au profit de la science. On peut compter le Recueil de pièces que M. Petit vient de publier au nombre des meilleurs ouvrages qui aïent paru depuis plusieurs années. La liste en est bien courte en France, où, dans une période de trois ou quatre années, il paraît bien une foule incroyable de brochures, mais à peine un seul