Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/167

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livre qui reste. Celui de M. Petit restera. Il n’est pas seulement précieux aux gens de l’art et du métier, il est encore instructif et amusant pour tous ceux qui aiment à réfléchir et à porter leurs vues sur des objets intéressants ; et, quoiqu’il soit écrit un peu longuement, il peut être regardé comme un chef-d’œuvre de logique, comme le modèle d’une excellente critique, pleine de sel et de plaisanteries sans emportement, et sans sortir des bornes du respect qu’un honnête homme se porte à lui-même, quelque droit que son adversaire lui ait donné sur lui. La manière de M. Petit est très-piquante ; il met son homme en poudre avec autant de fermeté et de franchise que de politesse, en lui faisant des compliments très-plaisants. Il transpire d’ailleurs, de tout ce qu’il écrit, une odeur d’honnête homme précieuse au lecteur, et qui le lie d’amitié avec son auteur. Je n’ai jamais vu M. Petit, mais son ouvrage m’inspire, sans y tâcher, un fort penchant pour lui. On sent que cet homme n’a à cœur que la vérité et le progrès de la science, qu’il écrit sans prévention et sans autre intérêt, qu’il n’estime pas une idée parce qu’elle est la sienne, mais parce qu’il la croit vraie et utile, et qu’il reviendrait sur ses erreurs avec la même franchise avec laquelle il attaque les erreurs des autres. De tels hommes sont excessivement rares parmi les physiciens et même parmi les philosophes. J’ai dit qu’on peut encore regarder l’ouvrage de M. Petit comme un chef-d’œuvre de logique et de raisonnement, et comme le modèle d’un écrit polémique. Ces modèles sont aussi fort rares. Beaucoup de gens savent faire un tissu de sophismes, et jeter de la poudre aux yeux de ces lecteurs superficiels qui se laissent séduire par une tournure et perdent de vue le fond ; mais l’art de raisonner d’une manière juste, droite et lumineuse, est excessivement rare. Ainsi, quand l’ouvrage de M. Petit n’intéresserait pas par un sujet en lui-même très-intéressant, il attacherait encore par la manière dont ce sujet est traité.

La première pièce de ce Recueil est un Mémoire sur la cause et le mécanisme de l’accouchement. Pour savoir si les naissances tardives sont possibles, il faut nécessairement connaître la cause et le mécanisme de la naissance de l’homme en général. Ainsi M. Petit commence par les développer. Il prouve, ce me semble, sans réplique, que l’action de l’accouchement s’opère par une contraction de la matrice, sans que l’enfant y concoure en