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AVRIL 1767.

vaille pour les colonies : car, à Paris, il n’y a qu’elle et moi qui connaissions son colonel Falbert. Ce colonel me paraît le plus méchant de ses garnements d’enfants.

Œuvres posthumes de M. d’Ardène, associé à l’Académie des belles-lettres de Marseille. Quatre volumes petit in-12. De ma vie je n’avais entendu parler de feu M. d’Ardène, poëte de Marseille, né en 1684 et mort en 1748. L’éditeur de ses œuvres nous assure que c’était un excellent poëte, et surtout un grand fabuliste. Cela peut être vrai dans la salle d’assemblée de l’Académie de Marseille ; mais à Paris c’est tout autrement, et vivent d’Ardène et Simon Le Franc ! Le premier volume contient les fables avec un discours sur ce genre de poésie ; le second, ses discours académiques ; le troisième et le quatrième renferment des essais dans tous les genres, en vers et en prose : on y trouve jusqu’à une comédie.

— La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ, mise en vers et en dialogues. Brochure in-8° de quarante pages. Mets de carème, dedié par un pauvre poëte anonyme a sa chère mère. Quand vous voudrez vous édifier, je vous conseille de commencer par les Oratorio de Metastasio ; je les crois très-propres à opérer des conversions, surtout sous les notes de quelque grand maître de chapelle. Je n’entends jamais le Stabat Mater de Pergolèse sans être dévot.

— Enfin, M. Élie de Beaumont a publié le mémoire à consulter pour la malheureuse famille Sirven, qui, a la réalite du supplice près, à éprouvé un sort à peu près pareil à celui de la famille Calas. M. de Beaumont ne peut se reprocher de s’être trop pressé ; car, Dieu merci, il y a deux ans qu’il est persécuté de faire et de publier ce mémoire, qui, pour avoir été trop annoncé et trop attendu, a fait peu d’effet dans le public. Il est vrai que, quelque compassion que mérite le sort des Sirven, la cause de la famille Calas, outre qu’elle fut la première, était bien autrement touchante, puisqu’il y avait eu une victime immolée dans les transports du fanatisme. On ne pouvait penser au sort de l’infortuné Jean Calas sans se sentir les entrailles déchirées ; mais quoiqu’il n’y ait point dans l’histoire des Sirven une catastrophe de cette atrocité, elle est encore assez déplorable pour l’humanité, et assez humiliante pour notre siècle philosophique. Le mémoire de M. de Beaumont n’est pas un modèle de cette