Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

prendra au censeur royal comme on a fait dans le procès de Bélisaire. Le censeur de l’Homme sauvage est M. Le Bret, qu’il ne faut pas confondre avec M. Bret qui a approuvé Bélisaire ; M. Le Bret pourrait bien avoir le sort de M. Bret. Je ne sais si l’auteur de l’Homme sauvage est ce M. Mercier qui concourt depuis quelque temps pour les prix de l’Académie française. Je ne sais si ce M. Mercier est le même qui a écrit en dernier lieu l’histoire d’un prétendu poëte arabe, et quelques autres insipidités[1]. Je ne sais si ce M. Mercier est jeune ou vieux. On aperçoit dans son Homme sauvage du style et même de la chaleur ; mais celle-ci est factice, et l’autre est lourd. D’ailleurs nulle trace de génie, nulle vérité. La lecture en est pénible et sans attrait, et l’on sent à chaque page le défaut de naturel, l’impuissance de l’auteur, et la difficulté du sujet. C’était vraiment un beau sujet que l’histoire de l’homme sauvage ; mais l’homme du plus grand génie n’aurait pas été trop fort pour cela, et M. Mercier n’est pas cet homme-là. Dans huit jours il ne sera pas plus question de son homme sauvage que s’il n’avait jamais existé, à moins que la Sorbonne n’ait la charité de l’honorer d’un anathème pour le profit du libraire.

Dissertation physico-médicale sur les truffes et sur les champignons, par M. Pennier de Longchamp, docteur de la faculté de médecine d’Avignon. Brochure in-12 de soixante-six pages. L’auteur de cet écrit est d’assez bonne composition. Il fait à la vérité la guerre aux champignons, qu’il déclare un mets dangereux, quoique flatteur ; mais à l’égard des truffes, il n’est pas éloigné de croire qu’elles facilitent la digestion.

— Le brevet honorable accordé par le roi à la fille cadette de Mme Calas, à l’occasion de son mariage, à réveillé la rage des ennemis de cette famille vertueuse. Les bruits calomnieux qui sont detaillés dans la déclaration imprimée de Jeanne Vignière, ancienne servante de Mme Calas, ont été non-seulement répandus à Toulouse, mais il s’est trouvé ici un homme assez pervers ou assez léger pour annoncer cette nouvelle comme certaine et confirmée par M. Mariette, avocat de Mme Calas, et pour la soutenir à la table de M. le contrôleur

  1. L. S. Mercier n’aurait été, selon Quérard, que le traducteur de ce roman, dû à un écrivain allemand, J. G. B. Pfeil. Il a été plus haut question de l’Histoire d’Izerben.