Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
402
CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

d’Amestris. Phalessar, à qui sa première enfance avait été confiée par Cosroès dans des temps orageux et difficiles, s’avisa de persuader à son roi et à Amestris que leur fils était mort afin de pouvoir l’élever sans aucun obstacle dans la religion chrétienne. Un jour de tragédie est un jour de confession générale. Ainsi le vieux Phalessar découvre tous ces importants secrets à Memnon. Il se repent d’ailleurs de sa pieuse tricherie en bon chrétien, et il frémit de l’imprudence de ce jeune écervelé, qui, pour quelques mécontentements passagers, s’expose, sans s’en douter, à commettre un parricide.

Memnon, reste seul, se promet de tirer bon parti des confidences que Phalessar vient de lui faire. Il perdra le père par le fils où le fils par le père. De façon ou d’autre, il se frayera le chemin au trône ; et cette résolution prouve entre autres choses combien le sage Phalessar sait bien choisir ses confidents quand il a un secret à confier.

Acte second. — Tenue du conseil d’État. Cosroès, sur son trône, est entouré de ses ministres et des grands de son empire. Memnon s’y trouve par son rang et pour voir un peu ce qui se passe, et Mirzanès y assiste par forme de pénitence, comme il lui a été ordonné ; aussi n’a-t-il point de bonnet sur la tête, tandis que tout le monde est couvert. Cosroès harangue le conseil. Il observe que, malgré le succès dont ses armes viennent d’être couronnées, la tranquillité de l’empire n’est encore que mal assurée ; qu’il est un feu secret qui couve dans ses États, prêt à éclater au premier signal. Il connaît les auteurs pernicieux de ces troubles ; ce sont des chrétiens séditieux. Il exige que chaque membre du conseil s’engage, par un serment solennel envers la divinité du pays, d’exterminer sans aucune restriction tout traître, tout coupable. Il jure le premier ce serment redoutable. Phalessar lui observe qu’en sa qualité de chrétien, il ne lui est pas possible de jurer par le Soleil, mais il jure sur son épée, et son serment est reçu pour valable. Arbate, un autre grand du royaume, reprend ensuite le serment du pays, et jure qu’il ne fera pas grâce, quand le traître serait son propre fils. Mirzanès a bien de la peine à se contenir pendant cette cérémonie. Enfin, Amestris arrive avec une lettre qui découvre un complot formé par les Chrétiens. Cette lettre a été apportée par un esclave qui n’a eu que le temps de la remettre, parce que