Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écrit le français comme M. de Bury, c’est-à-dire comme un décrotteur, n’a pas le droit d’attaquer un homme du mérite de M. de Thou. M. de Voltaire a tort. Eh ! que diable cela fait-il que M. de Bury attaque ou n’attaque pas, qu’il loue ou qu’il blâme ? Quoi qu’il fasse et qu’il dise, il ne mérite certainement pas l’honneur d’être relevé par M. de Voltaire ; mais puisque celui-ci se déterminait à le châtier, il fallait du moins en faire justice sévère, et le traiter avec le mépris et l’indignation convenables, et non comme si M. de Bury était quelque chose. Voilà ce que je prends la liberté de remontrer à M. de Voltaire. Je sais bien qu’il n’est pas fâché de rapporter à cette occasion quelques lettres originales, déjà insérées dans le Mercure, et quelques propos connus de Henri IV, qui ne sont pas à la plus grande gloire de la religion catholique, apostolique et romaine ; mais il ne fallait pas mêler le sacré avec le profane, les mots du grand Henri avec les bévues et le jargon de ce Bury. M. de Voltaire lui reproche de parler de lui-même, et de nous dire qu’il a déjà donné au public une vie de Philippe de Macédoine[1]. Illustre patriarche, vous avez de l’humeur. Comment l’auriez‑vous donc su s’il ne vous l’eût pas dit, et qui voulez-vous donc qui parle de M. de Bury, si ce n’est pas lui-même ?

— On a imprimé à Londres, en français et en anglais, une lettre de M. de Voltaire, adressée à Jean-Jacques Pansophe, autrement dit Rousseau[2]. Dans cette lettre, qui est défigurée par un nombre infini de fautes d’impression, M. de Voltaire se défend de l’imputation d’avoir nui à M. Rousseau à Genève, imputation certainement aussi fausse et aussi injuste qu’odieuse. Chemin faisant, M. de Voltaire dit à Jean-Jacques Pansophe beaucoup de vérités dures qu’il aurait tout aussi bien fait de lui épargner. Ce pauvre Jean-Jacques est assez malheureux par son propre fait pour qu’on ait de l’indulgence pour lui, et qu’on ne prenne pas garde à ses écarts ; mais M. de

  1. Histoire de Philippe et d’Alexandre le Grand, rois de Macédoine, par de Bury, 1760, in-4o.
  2. Le docteur Pansophe, où Lettres de M. de Voltaire (et de Borde), Londres, 1766, in-12. La lettre du docteur Pansophe est de Borde. Voltaire avait d’abord attribué cette pièce satirique à l’abbé Coyer, qui l’a désavouée par une lettre insérée dans les Œuvres diverses de J-.J. Rousseau, édition de Neufchâtel (Paris), tome VII. (T.)