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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

l’auteur inspiré rappelle leur grandeur passée pour les faire rougir de ramper sous la domination triste et dure d’un vieux prêtre appelé pape. Malgré la répétition des mêmes raisonnements, cette épître est pleine de traits qui caractérisent cette manufacture immortelle où l’on possède encore l’art de redire les mêmes choses pour la vingtième ou la centième fois, toujours d’une manière intéressante et nouvelle. L’auteur se moque par exemple, pour la cinquantième fois, de l’équivoque sur laquelle l’Église romaine a voulu fonder son autorité et ses usurpations, en conséquence du jeu de mots : Tu es Pierre, et sur cette pierre je fonderai mon Église. Si Simon Barjone, ajoute-t-il, s’était appelé Potiron, son maître lui aurait donc dit : Tu es Potiron, et sur ce potiron j’établirai la fourmilière de mon jardin. Cette nouvelle épître aux Romains est partagée en neuf articles qu’il fallait appeler chapitres, pour observer le costume. Le huitième article contient les neuf impostures principales au moyen desquelles le pape est devenu enfin souverain de Rome et des descendants des Marcellus, des Paul-Émile et des Scipions. Ma foi, il faut pardonner aux prêtres et à leurs ayants cause d’être furieux contre M. le comte Passeran et ses souffleurs, car si cela dure encore quelque temps, il est aisé de prévoir ce que deviendront non la vigne, mais les vignerons du Seigneur.

— Un Français expatrié et retiré en Hollande, M. de Sérionne, a donné il y a quelques années un ouvrage sur les Intérêts des nations de l’Europe relativement au commerce[1]. Il vient de nous envoyer une nouvelle production de sa plume, intitulée le Commerce de la Hollande, ou Tableau du commerce des Hollandais dans les quatre parties du monde. Trois volumes in-12. Cet ouvrage contient des observations sur le progrès et les décroissements du commerce des Hollandais, sur les moyens de l’améliorer, sur leurs compagnies des Indes orientales et occidentales, sur leurs colonies, sur leurs lois et usages mercantiles, sur le luxe, l’agriculture, l’impôt, etc., etc., M. de Sérionne n’est pas un aigle ; mais c’est un homme qui a du sens et des connaissances, et ses ouvrages sont du nombre de ces livres médiocres qu’on peut lire avec fruit.

  1. Voir tome VII, p. 258.