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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

primé à Amsterdam. On peut le regarder comme une suite de l’Épître aux Romains dont j’ai eu l’honneur de vous rendre compte. En rapportant l’inscription des différents articles traités sommairement dans cette succincte diatribe, je vous aurai fait concevoir toute l’étendue des obligations de la cour de Rome envers le savant auteur. Premier article : Un prêtre de Christ doit-il être souverain ? Vous croyez bien que l’auteur pense que rien n’est plus absurde, plus contraire à la raison, à la politique, au bon ordre. Il n’emploie pourtant que l’esprit des évangiles et l’histoire pour tomber dans cette affreuse hérésie. Second article : De Naples. L’auteur prouve que la prétendue suzeraineté du pape sur le royaume de Naples est une usurpation contraire à toutes les anciennes lois féodales, contraire à la religion chrétienne, à l’indépendance des souverains, au bon sens et à la loi naturelle ; et quoique cet abus dure depuis sept ans, il n’en soutient pas moins qu’il faut l’abolir. Article troisième : De la monarchie de Sicile. L’auteur prouve que ce qu’on appelle la prérogative de la monarchie de Sicile, accordée par le pape Urbain II au roi Roger, n’est qu’un droit essentiellement attaché à toutes les puissances chrétiennes, et pour l’exercice duquel on n’a pas besoin d’un privilège de la cour de Rome. Il nous donne d’ailleurs un précis fort piquant des trames pontificales dans cette île. Article quatrième : De Ferrare. La réunion de Ferrare à l’État ecclésiastique est une des plus insignes usurpations des papes dont l’auteur rapporte ici les principales circonstances. Suivant ses conclusions, le duc de Modène ne peut se dispenser de reprendre Ferrare et d’en chasser le vice-légat pontifical. Dans l’article suivant, l’usurpation de Castro et Ronciglione sur la maison de Parme est rapportée avec une extrême gaieté. Les deux derniers articles rapportent les acquisitions de Jules II et d’Alexandre VI d’une manière également piquante, et la conclusion, c’est qu’il faut les rendre. Si Dieu nous conserve notre très-saint père Clément XIII encore quelques lustres, il y aura beaucoup d’esturgeons de mangés et quelques restitutions peut-être de faites. Il faut toujours observer l’esprit des différents siècles. Il y a deux cents ans que la cour de Rome cherchait à faire assassiner le célèbre Fra-Paolo ; elle n’envoie pas aujourd’hui des assassins à Ferney, premièrement parce que le patriarche est en deçà des