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les voies de l’amour

savait leur prodiguer avec à-propos. Ils préféraient sa main à la mienne dans les pansements de leur plaie. Ils souriaient même quand ses doigts insuffisamment expérimentés leur causaient quelque douleur. Ils craignaient de se plaindre de peur d’être abandonnés d’une si aimable infirmière. Ils aimaient mieux souffrir en silence plutôt que de perdre le contact d’une main si douce et de voir se détourner d’eux des yeux si sympathiques. Nous causions souvent longtemps chez certains patients qui semblaient oublier leur mal quand l’ange gardien de leur médecin — comme ils l’appelaient — veillait sur eux. Après la veillée quand je la reconduisais chez elle, Léontine était toute joyeuse de la charité qu’elle avait faite, toute radieuse des bienfaits qu’elle avait répandus. Elle semblait m’aimer davantage pour les occasions que je lui donnais de prodiguer ses consolations aux malheureux. Les sentiments qu’elle me manifestait étaient alors plus affectueux. Sa charité semblait donner plus d’élan, plus de vivacité à son amour. Son cœur s’ouvrait plus franchement et il m’était plus facile d’y voir toute l’ardeur de sa passion pour moi. Oh ! que je l’aimais et comme ma passion répondait à la sienne ! Quand je la quittais pour revenir à mon bureau, j’aurais voulu chanter un poème d’amour à la nature entière. Mais comment traduire en vers ce que mon cœur ressentait. Je ne trouvais pas de mots assez sublimes, de