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les voies de l’amour

entouré de jardins spacieux. L’enfant gambadait, poursuivait les papillons, cueillait des fleurs dont il jetait au vent les pétales multicolores. Il gravissait des montées douces, s’arrêtait au bord des ruisseaux pour en entendre le murmure, ou aux pieds des chutes pour en admirer les arcs-en-ciel. Il grandissait au fur et à mesure qu’il s’élevait dans la montagne. Près des lacs il contemplait les naïades qui l’invitaient à se jouer avec elles dans les eaux limpides. À l’orée des bois, il entendait les sirènes dont la voix l’appelait près des amours. À chaque étape il voulait se reposer, mais les demi-déesses des eaux et des bois l’entraînaient sans cesse dans des temples où tous les plaisirs se courtisaient. Plus il montait, plus la nature était prodigue de beautés, de plaisirs et d’enchantements. Le soleil répandait une plus douce chaleur ; l’air devenait plus limpide, plus pur. Le jeune homme montait, montait et le ciel était plus près. Il s’approchait de moi ; il m’enlaçait ; c’était mon double. Nous ne formions plus qu’un même corps, une même âme, un même cœur. J’avais joui, à travers tous les sentiers de la montagne, dans ses bois, sur ses lacs, de tous les plaisirs, connu toutes les joies, aimé les naïades et les sirènes qui m’avaient fait connaître l’amour et ses délices. Enfin j’étais à la cime, tout près, tout près du ciel, et c’était là que m’apparaissait la vraie déesse pour qui je voulais élever une tente pour l’y retenir seule à jamais. J’avais