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les voies de l’amour

au pied des arbres, quand le bleu du ciel pâlit à la lumière des étoiles, quand les aurores boréales secouent leurs immenses draperies, quand tout est calme dans la nature, que les bœufs et les moutons dorment aussi, peut-être que le cri strident des grillons réveillera les souvenirs de nos belles soirées. Oh ! dans la nuit brillante de la campagne, il oubliera vite la faible clarté du bec de gaz ou de la simple ampoule électrique de sa chambre d’étudiant. Il trouvera fades ses conversations et ses plaisirs auprès de la jeune fille de la pension, pendant des nuits sans sommeil, si seulement il se les remémore encore. En imagination pourra-t-il revoir dans sa chambre le grand disque argenté de la lune, admirer et compter les étoiles les plus brillantes, respirer ces parfums agréables des foins nouvellement fauchés ou des fleurs sauvages qui embaument plus que les odeurs synthétiques, sentir sur ses joues le souffle rafraîchissant de la brise des nuits. Oh ! non, les douceurs d’une belle nuit à la campagne ne rappellent plus rien de l’étroit espace d’une chambre d’étudiant. Seuls les souvenirs de nuits semblables se réveillent en foule. Et c’est pendant ces nuits qu’il ne retrouvera plus Lucille qu’il n’a jamais vue que dans des lumières artificielles, et c’est là qu’il reverra sa petite Andrée comme autrefois sous les rayons argentés de la belle lune ; il l’entendra l’appeler de nouveau, et il lui