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les voies de l’amour

tendra les bras comme dans le passé, qui revivra avec toutes ses joies. »

« C’est ainsi qu’Andrée se consolait quand je l’oubliais près de Lucille pendant les quatre années de ma cléricature. À travers ses larmes, la pauvre petite Andrée voyait alors l’espérance lui sourire. Mais plus tard, quand je fus reçu médecin et que je pratiquai mon art à la campagne, son inquiétude se changea en un désespoir sombre, car elle n’ignorait pas que j’avais rejeté loin dans l’oubli l’amour de Lucille et qu’au crépuscule de cette fantaisie avait succédé l’aurore d’un amour plus grand et plus dangereux pour elle. En effet j’aimais sérieusement, avec le jugement d’un homme fait, une jeune fille de l’endroit où j’étais établi avantageusement.


« Le soin de mes malades et l’assiduité de mes visites à ma nouvelle fiancée prenaient tout mon temps, et j’eus rarement le loisir de revoir mon village natal et ma mère qui me reprochait constamment dans ses lettres mon manque de sentiment filial. Si parfois j’allais embrasser ma mère, je me gardais bien de l’avertir à l’avance de crainte de rencontrer chez elle l’amie de mon enfance. Andrée avait perdu alors toutes ses espérances, mais elle ne m’oubliait pas cependant. Elle était devenue d’une tristesse inénarrable qui décourageait son entourage. Elle ne sortait plus de sa chambre que