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les voies de l’amour

J’ai trop langui depuis quelques jours pour attendre davantage. Oh ! ce qu’elle doit souffrir elle aussi en m’attendant ! Mère, demain c’est trop long ! Demain n’arrivera jamais ni pour elle, ni pour moi. C’est attendre une éternité… »


« Mère, dit Andrée de sa petite voix si affaiblie que ma mère comprenait peut-être mieux aux mouvements des lèvres qu’elle ne l’entendait, pourquoi n’est-il pas venu ? Pourquoi l’avez-vous empêché ? Je ne dormais pas ; je n’ai pas dormi de la nuit ; je l’attendais. Oh ! ma mère, c’est bien long attendre le bonheur toute une nuit, surtout quand on le sent près de soi et qu’on ne peut l’atteindre. Oh ! Michel, pourquoi m’as-tu fait souffrir encore ? Tu ne sais donc pas ce que c’est que l’amour ? Hâte-toi, Michel, mon Michel, viens vite ; je sens mes forces, le peu de force qui me reste, s’évanouir. Je veux te revoir avant de mourir. Hâte-toi ; pourquoi retardes-tu tant ? Tu ne souffres donc pas toi-même ? Mère, pourquoi l’avez-vous empêché de venir ? Vous n’avez donc pas aimé, vous-même ? Oh ! cruelle attente ! Non, ma mère, je ne dormais pas quand il est arrivé. J’ai entendu le grincement des gonds quand la barrière s’est ouverte ; j’ai entendu le crissement du sable de l’allée sous les sabots du cheval et les roues de la voiture ; je l’ai entendu sauter sur le perron ; j’ai reconnu le bruit