Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/100

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nies : l’une, de soigner tellement son style, qu’il soit, non-seulement toujours pur, harmonieux, mais qu’il soit absolument irréprochable, et de telle sorte qu’il fût impossible, sans le gâter, d’y ajouter, d’en retrancher ou d’en déplacer un seul mot. Tel est le style de Buffon. Cette prétention est très-bonne et très-utile, parce qu’elle produit une admirable manière d’écrire, qui peut servir de modèle et montrer jusqu’à quel point de perfection peut s’élever le langage. D’ailleurs, il faut d’autant plus estimer ce travail, qu’il exige de profondes réflexions sur la propriété des expressions et des mots, et de plus un grand talent, c’est-à-dire, l’oreille délicate d’un poète et un goût parfait. Ce n’est qu’à ces conditions qu’avec des travaux infinis on pourrait parvenir à écrire comme Buffon. Mais cette perfection de style, qui demande beaucoup de calculs et de combinaisons, ne pourra jamais se trouver, du moins continue, dans les ouvrages d’imagination, ou dans ceux dont la chaleur, le mouvement et l’énergie, ou seulement la grâce et le naturel, doivent faire le principal mérite ; elle y serait même un défaut, parce qu’elle jetterait nécessairement de la froideur. Un auteur ne doit jamais écrire