Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/101

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incorrectement et avec négligence ; mais dans les ouvrages de sentiment il faut, quand il s’agit d’émouvoir, laisser là tous les calculs et ne consulter que son cœur. La méditation peut produire, comme dans les écrits de Buffon, de grands résultats, des réflexions frappantes, et ce sont là de belles pensées ; mais l’inspiration seule produit les mots sublimes, et c’est au fond de son âme qu’il faut chercher l’expression et le développement des passions et des sentimens.

L’autre prétention, qui ne peut jamais être heureuse, et qui est aussi commune que celle dont on vient de parler, est rare, consiste à vouloir placer constamment, à chaque page, deux ou trois pensées neuves et brillantes, et deux ou trois comparaisons ingénieuses. Quand cette surprenante ambition pourrait réussir, il n’en résulterait qu’un ouvrage fatigant (de quelque genre qu’il fût), qu’il serait impossible de lire de suite, puisqu’il faudrait réfléchir à chaque ligne ; et cet ouvrage serait certainement dénué de vérité dans toutes les choses qui demanderaient une profonde sensibilité. L’esprit veut du repos ; nous cherchons toujours un peu de délassement dans la lecture, et nous ne