Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/107

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femmes dont le secret est d’allier la raison et le bel-esprit, la décence et la gaieté, et les qualités estimables d’un sexe fait pour penser avec les agrémens d’un sexe fait pour plaire. Ce n’est rien de faire de jolis vers, c’est peu de chose de faire un roman intéressant ; mais c’est beaucoup de répandre une teinte philosophique dans des vers, et de concentrer les préceptes de la vertu dans une fiction ingénieuse. Ce double mérite fut celui de madame de Beauharnais.

Madame de Montesson parvint à la considération par une route tout-à-fait plaisante. Elle ne se doutait pas de la grandeur de ses destinées, et quand la sienne changea, elle ne crut pas même au passé. Le lendemain qu’elle eut épousé son premier époux, elle s’aperçut qu’elle était veuve. Libre de disposer d’elle-même, son cœur s’envola chez un homme aimable, malheureux dans les cours étrangères, heureux à la sienne, et dont la destinée a toujours été de se voir plus aimé au dehors qu’au dedans. L’absence prépare ou décide l’infidélité. L’amant part pour le Nord ; deux rivaux se présentent : tous deux timides, tous deux amoureux de bonne foi, tous deux offrant des sacrifices, tous deux peu accoutumés aux refus. L’un,