Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nourrisson de la gloire, offrit son cœur et sa fidélité ; l’autre, accoutumé à des conquêtes plus douces, demanda des chaînes : il fut préféré. Madame de Montesson entraîna son nouvel amant dans les charmes d’une conversation pleine d’intérêt : les accens de sa voix redisaient avec l’expression de la mélodie ce que son cœur avait laissé deviner. Les à-propos de la scène furent une nouvelle manière de s’entretenir d’une passion naissante. Le plaisir raisonnait sur les cordes de la lyre : ce passage continuel de la raison aimable au talent enchanteur, et du prestige des talens aux éclairs de la gaieté, enchaîne insensiblement un être né dans cette classe où le plaisir est le premier des besoins, et la seule chose que lui ait refusée la nature, avare au moins de ce don pour tenir la balance entre tous les humains. L’idée d’un bonheur si pur pourrait échapper et altérer la jouissance ; des sermens mutuels doivent le consacrer : l’amour lève les obstacles, et ce dieu fait un de ces prodiges, qui n’en est un cependant que dans les pays à préjugés.

Madame de Montesson perdit un esclave timide, et celui-ci, au lieu d’une maîtresse capricieuse, trouva une compagne sensible à sa