Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/121

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nuance, son extérieur sans agrément, sa conversation était tranchante, sa parure négligée, ses penchans extraordinaires : sollicitant à tort et à travers, jugeant au lieu d’écouter ; épousant à chaque occasion des vengeances étrangères, se brouillant à tout propos, ne se raccommodant jamais, toujours prête à sacrifier ce qu’elle possédait à ce qu’elle espérait : elle fut inexcusable d’avoir eu de l’ambition en politique et la fureur du bel-esprit. Elle avait dû voir, depuis son enfance, combien l’une tourmente, et combien l’autre est ridicule. Qui mieux qu’elle était faite pour sentir combien les lectures de salon supposaient de prétentions ? Assembler une trentaine d’auditeurs pour se faire admirer, est révoltant ; les inviter à entendre, c’est inviter à louer : mais un esprit original faisait pardonner cet amas de ridicules qui se la partageaient tour à tour : elle avait quelque chose de commun avec les vestales ; c’était son génie : comme leur feu, il ne s’éteignait jamais ; rarement elle parlait pour dire de ces riens de convention qui épuisent l’attention ; plus rarement encore écrivait-elle sans idées.

Madame se Staël avait un plan, il perçait ;