Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/129

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qui veut toujours faire parade de son savoir, et tendre la main à l’homme aimable qui tempère son esprit par la gaieté, et change en plaisirs les entr’actes languissans dont la passion la plus vive n’est pas exempte : le seul avantage qu’un homme terne et sans physionomie ait sur lui, c’est d’amener plus souvent ce qu’il aime à cette mélancolie que les femmes jouent pour déguiser leur ennui ; mais la véritable mélancolie est celle de l’absence, et l’absence d’un pareil homme est si précieuse, qu’elle exclut tout bonheur chimérique.

Les femmes, aux yeux de la raison, semblent donc rester sans excuse ; mais elles en ont une qui, à elle seule, les vaut toutes ; c’est ce goût involontaire, cette impulsion naturelle qui les entraînent sans les diriger, et appartiennent de droit au premier venu qui a le courage de les flatter, fût-il le plus sot des hommes. Ce qu’elles entendent le moins est presque toujours ce qui les flatte le plus. Il ne tarde pas à découvrir qu’en elles tout est instinct ; que par conséquent rien n’est coupable, et que ce que nous appelons leurs vertus et leurs vices, diffère autant des nôtres par leur nature que par leur