Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/128

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Quand un homme n’aurait auprès d’une femme que le mérite d’être au-dessous d’elle, cela suffirait pour qu’elle se l’attachât. Elle le juge digne d’être le plastron de ses inconséquences ; et comme une dupe lui est encore plus nécessaire qu’un ami, elle lui pardonne sa froideur en faveur de son admiration ; c’est sur lui qu’elle exerce des caprices dont la variété fait tout le piquant ; c’est lui seul qu’elle abuse par des singeries de sensibilité ; c’est lui seul qu’elle afflige par des apparences d’infidélité : comment ne lui serait-il pas précieux ? Trouvera-t-elle les mêmes jouissances dans un homme de mérite ? a-t-il l’humeur aussi flexible ? il ne jouit que des caresses de son amie, et ne s’affecte que de ses noirceurs ; le reste n’obtient presque jamais son attention : n’est-il pas d’un commerce insupportable ? C’est ainsi que raisonnent aujourd’hui presque toutes les femmes auteurs ; elles n’ambitionnent que le bruit ; et si le bruit les outrage quelquefois, c’est encore le bruit qui les console. C’est donc dans la mêlée qu’il faut en chercher une que la fatigue et l’ennui ramènent au sentiment. Toutes devraient se contenter de repousser le bel-esprit