Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/13

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ment y tenait toujours lieu de la saillie et du trait ; et cette même femme qui, la plume à la main, était si éloquente, si riche d’imagination, de style, de passions, de mouvemens, n’était dans la société qu’une femme simple et sensée. On ignorait encore que sous cette simplicité apparente était caché le germe du plus beau talent.

Ce fut l’arrivée d’une de ses cousines qui révéla à ses amis un talent qui eût peut-être été toujours pour eux, comme pour le public, un secret. Il y avait long-temps que madame Cottin entretenait avec cette parente une correspondance dans laquelle elle épanchait tous les secrets de son cœur et de son esprit : les formes les plus heureuses de style, les prestiges les plus brillans d’une imagination que rendait encore plus aimable une légère teinte de mélancolie, faisaient le mérite des lettres de madame Cottin à sa cousine : celle-ci, étonnée que tout le monde ne partage pas son admiration pour une femme qui écrit de si charmantes lettres, les fait lire aux amis de madame Cottin, parmi lesquels on comptait des hommes aussi recommandables par leurs lumières que par la pureté de leur goût. Chacun les admire comme elle, elle se plaint de ce