Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/12

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a survécu à sa fortune ; il ne lui reste de son opulence que le souvenir des heureux qu’elle a faits, de l’amitié de ceux qui avaient connu, comme elle, ce sentiment du cœur, désintéressé et de tous les temps ; elle ne regrette ses richesses que parce que les pauvres en avaient encore besoin. Mais l’adversité, qui éloigna de madame Cottin les amis qu’avait attirés sa prospérité, fut à la fois pour elle un surcroît de peine et un dédommagement. Fière de l’épreuve de ceux qui lui restèrent attachés, elle jouissait, dans leur société peu nombreuse, de l’oubli d’un autre état de chose. Mais nul n’était encore dans la confidence de ses travaux : ce n’était qu’à leur insu, au sein d’une mystérieuse retraite, qu’elle confiait au papier ses timides pensées. Loin de prévoir qu’elle dût s’exposer jamais au grand jour de l’impression, elle craignait même, pour ses premiers essais, l’épreuve d’une lecture faite à des amis. Elle semblait garder pour le papier toutes les richesses de son imagination ; elle ne donnait à sa conversation, simple et modeste, rien qui pût trahir le secret de son esprit : sans éclat comme sans prétention, elle n’était que l’expression naïve des sentimens de son cœur ; un jugement droit et sans orne-